"C'est mieux que la syntaxe et que la grammaire" me disent
les enfants. Et pourtant quel travail! mais il leur vient sans effort : recherche
personnelle de poèmes, échanges de rimes, d'images comme des
jeux, interrogation sur les mots... C'est une réussite pour tous,
même pour les élèves les plus en difficulté car
la poésie devient un vaste horizon ouvert à tous, sans plus
de hiérarchie. Ce qui frappe, c'est leur spontanéité
qui n'est pas encore étiolée par les barrières sociales
et les brûlures de l'adolescence. Il s'agit de créer un monde,
faire vivre leur rêve et tout devient possible. L'image a l'air de
leur être naturelle. Les associations sont intuitives et se dégagent
très vite des clichés. Leur création est surprenante
et merveilleuse; elle ébahit leur professeur. Dame Poésie leur
est si familière que d'instinct les enfants lui font confiance.
Laureline Jacquot
Les enfants que je côtoie chaque jour sont en difficulté scolaire et donc en perte de confiance. Si l'enfant perd le contact avec la lecture ou l'écriture, il perd la parole. Il ne lui reste plus pour communiquer qu'un champ sémantique restreint et parfois l'usage de la violence pour pallier ce manque. Au début de chaque atelier poétique les enfants commencent par s'approprier des textes. Ils les recopient, les illustrent, plusieurs fois, inlassablement. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'ils créent quelque chose qui leur est propre. A ce moment-là de l'atelier leurs poèmes ne ressemblent à rien d'autre qu'à eux-mêmes Leur travail de scribe ne leur servant qu'à prendre possession des mots pour les apprivoiser avant de s'en détourner. A cet âge-là la poésie est jubilatoire et non exutoire comme peut l'être celle des adolescents. Belle par sa naïveté elle nous entraîne dans un monde où réalité et imaginaire se confondent pour ne former qu'une seule et même parole.
Nathalie Pascal
Ils ont tous écrit - seuls, à deux ou à
trois- Ils ont tous écrit dans l'instant, en un souffle, résonance
de leur existence, celle qu'ils vivent et celle qu'ils rêvent. Ils
ont tous écrit dans l'allégresse mais aussi la gravité.
Au jeu de la poésie, ils ont instinctivement su réinventer
mais aussi chercher: le vers, la cadence, ancre de cette nouvelle liberté
du langage qu'ils découvraient. Emerveillés par cette
possibilité " écrire ", ils ont immédiatement offert
tout de cette parole : lisant, mimant, chantant leurs textes à leurs
camarades. De ces instants d'écriture ils nous ont confié leur
enthousiasme. A la question : " que vous ont apporté ces ateliers
de poésie ? " ont fusé les mots : patience, bonheur, joie,
liberté. Le premier à prendre la parole avait dit: " la
poésie c'est l'imaginaire ".
Plusieurs semaines après le dernier pour clore à crié
" la poésie c'est la vie "
Marie Brisson