Loïze Labé,
de son recueil de sonnets édité pour la première fois en 1555
  Colias genus

Penser à la vie de Louise Labé fait rêver à la période de la Renaissance.
Sa poésie révèle son goût de la beauté et de l'amour.

  L'enfance de Louise Labé s'est passée en plein centre de Lyon, une ville très à la mode à l'époque, vivante et encore plus importante que Paris. C'était le centre de l'Europe épanouissante dans toutes ses splendeurs de la Renaissance avec ses goûts de l'élégance, de philosophie, de littérature, de musique et des arts et surtout tout ce qui était italien. C'est une période de naissance de l'imprimerie, de la ville moderne contrastée à la vie du château et de l'amour courtois. C'est une période de guerres, mouvementée de grands changements sociaux et pratiques. Le monde des idées s'avance vers l'avenir et cherche à la fois ses racines dans l'antiquité romaine. Un homme de la renaissance se doit de tout connaître et à fond. Et les femmes ?
  Louise Labé, fille d'un cordier, se pique d'intérêt aux couleurs de cette vie qui l'entoure. Elle reçoit une éducation à l'italienne. La jeune Louise part avec ses frères apprendre l'escrime. Son amour des livres l'inspire à dévorer tout ce qui lui tombe sous la main. Colias genus

Vers l'âge de 16 ans elle commence à apprendre la musique. Elle sait écrire et lire en latin et en italien. Elle fait preuve de culture, d'élégance et d'intelligence. Si elle apprend à broder, elle conseille pourtant aux femmes d'éléver un peu leur esprit en dessus de leurs quenouilles et de cultiver l'esprit dans le plaisir offert par l'étude des lettres et des méditations philosophiques.

Vers l'âge de 20 ans, elle épouse un homme cordier de vingt ans son ainé. Elle tient maison et salon littéraire où elle reçoit plusieurs des plus grands écrivains, intellectuels, humanistes et artistes de l'époque. A l'âge de 30 ans (1555) son livre est publié avec l'accord nécessaire du Roy. Ce livret comporte 24 sonnets, un débat d'Amour et de Folie (genre très populaire à l'époque) et d'autres écrits.
  Les beaux sonnets de Louise soupirent après la beauté et la verité de l'amour. Quoique leur expression semble s'élancer vers un idéal platonicien*, la belle Loïze est unique et presque moderne dans ses idées. Elle n'est pas un "objet" porteur de beauté, elle porte en elle le désir de s'emparer de la beauté (et du soleil) et c'est le mouvement
même de sa vie.


*voir Platon 'Le banquet de l'amour' très populaire à l'époque.

Dans un testament vers la fin de sa vie, ses écrits témoignent de l'esprit d'une femme d'exception, à part. Elle y conseille aux jeunes femmes d'écrire tout au long de leur vie : d'une part pour le plaisir et d'autre part pour se servir de leur intelligence.

Et elle sera elle-même relue et reconnue, on l'appellera la belle Loïze, et sa beauté inspirera les poètes de son temps (Marot) jusqu'aux poètes (Rilke*, Aragon) de notre époque moderne.

*Rilke a fait les traductions de ses sonnets en langue allemande.