Poème et dessin inédit de Max Jacob publié dans la revue Vivre en Poésie par
Olivier Brien







Avec le recul du temps, Max Jacob apparaît en toute certitude comme l'un des plus grands poètes de la première moitié de ce siècle finissant. Son influence sur les surréalistes fut considérable et sa réputation de maître ne cesse de s'affirmer et de grandir. Il était né en 1876, à Quimper, de parents israélites. Tous les écrivains savent qu'il mourut en 1944, au camp de Drancy. Ses amis, et singulièrement Jean Cocteau, ne purent l'arracher à l'impitoyable antisémitisme nazi, malgré sa conversion à la religion catholique qui l'avait conduit à recevoir le baptême en I915. Ayant realisé son oeuvre de poète, d'essayiste et de romancier au cours d'une vie de tentations, de désordres mais aussi de pénitence, il s'était fixé, a partir de 1921, à Saint-Benoît-sur Loire qu'il ne quittera plus guère. Vivant dans la gêne, à l'ombre de l'abbatiale de Saint-Benoît, il subsistait grâce à la vente de dessins et de gouaches, écrivant presque chaque jour une de ses "Méditations" dont l'ensemble constitue un long dialogue passionné avec le Christ. Je dois à Marcel Béalu la faveur inespérée du don de ce manuscrit original et inédit que je considère comme une emouvante relique qui me tient doublement à coeur, témoignage princier d'une amitié irréversible. Le dessin original, également inédit, représente le coeur même du village de Germigny-des-Prés, situé entre Saint-Benoît-sur-Loire et Châteauneuf-sur-Loire, dont 1'église serait considérée, par certains, comme la plus ancienne église romane de France. Olivier Brien