III

Entre Cordoue et Séville
Est une petite station, où, sans raisons apparentes,
Le Sud-Express s'arrête toujours.
En vain le voyageur cherche des yeux un village
Au delà de cette petite gare endormie sous les eucalyptus :
Il ne voit que la campagne andalouse : verte et dorée.
Pourtant, de l'autre côté de la voie, en face,
Il y a une hutte faite de branchages noircis et de terre.
Et au bruit du train une marmaille loqueteuse en sort.
La soeur aînée les précède, et s'avance tout près sur le quai
Et, sans dire un mot, mais en souriant,
Elle danse pour avoir des sous.
Ses pieds dans la poussière paraissent noirs;
Son visage obscur et sale est sans beauté ; Elle danse, et par les larges trous de sa jupe couleur de cendre On voit, nues, s'agiter ses cuisses maigres, Et rouler son petit ventre jaune ; Et chaque fois, pour cela, quelques messieurs ricanent, Dans l'odeur des cigares, au wagon-restaurant...