En Sibérie tonnait le canon, c'était la guerre
La faim le froid la peste et le choléra
Et les eaux limoneuses de l'Amour charriaient des millions de charognes
Dans toutes les gares je voyais partir tous les dernier trains
Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de
billets
Et les soldats qui s'en allaient auraient bien voulu rester...
Un vieux moine me chantait la légende de Novgorod
Moi, le mauvais poète, qui ne voulais aller nulle part, je pouvais
aller partout
Et aussi les marchands avaient encore assez d'argent pour tenter aller faire
fortune.
Leur train partait tous les vendredis matins.
On disait qu'il y avait beaucoup de morts.
L'un emportait cent caisses de réveils et de coucous de la forêt
noire
Un autre, des boites à chapeaux, des cylindres et un assortiment de
tire-bouchons de Sheffield
Un des autres, des cercueils de Malmoë remplis de boites de conserve
et de sardines à l'huile
Puis il y avait beaucoup de femmes
Des femmes, des entrejambes à louer qui pouvaient aussi servir
Des cercueils
Elles étaient toutes patentées
On disait qu'il y a avait beaucoup de morts là-bas
Elles voyageaient à prix réduit
Et avaient toutes un compte courant à la banque.
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