De celui qui ne pense qu'en sa mie

Toutes les nuits, je ne pense qu'en celle
Qui a le corps plus gent qu'une pucelle
De quatorze ans, sur le point d'enrager
Et au-dedans un coeur (pour abréger)
Autant joyeux qu'eu oncques damoiselle.
Elle a beau teint, un parler de bon zèle,
Et le tétin rond comme une groselle
N'ai-je donc pas bien cause de songer
Toutes les nuits?
Touchant son coeur, je l'ai en ma cordelle,
Et son mari n'a sinon le corps d'elle:
Mais toutefois, quand il voudra changer,
Prenne le coeur: et pour le soulager
J'aurai pour moi le gent corps de la belle
Toutes les nuits

Clément Marot
(Cliquez sur l'illustration)

une délicieuse muse
une muse de la poésie