Gérard de Nerval
(1808-1855)

« Il vivait au jour le jour, acceptant avec reconnaissance, avec amour, chacune des belles heures de la jeunesse, tombées du sein de Dieu.
Il avait été riche un instant, mais par goût, par passion, par instinct, il n'avait pas cessé de mener la vie des plus pauvres diables. Seulement, il avait obéi plus que jamais au caprice, à la fantaisie, à ce merveilleux vagabondage dont ceux-là qui l'ignorent disent tant de mal.»

C'est Jules Janin, son ami, qui évoque ici le souvenir de Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval. Mais insouciance n'exclut pas inquiétude, et le poète qui perdit sa mère à l'âge de deux ans et vécut des amours malheureuses dont sa nouvelle Aurélia est le témoignage, nous laisse une oeuvre étonnante, sombre et douloureuse. Ses premiers poèmes (il commença à écrire très jeune) se rattachent à la tradition la plus classique de la poésie du début du XIXème siècle, et l'apparentent à André Chénier plus qu'à Arthur Rimbaud. Mais pour ses visions, ses délires et le récit de ses rêves, pour sa fin tragique (on le retrouva pendu à 47 ans), et pour ses voyages à la lisière de la folie, il fut reconnu par les Surréalistes et les écrivains du Grand Jeu nourris d'Esotérisme, comme un précurseur. Il est "le ténébreux, le veuf, l'inconsolé", la figure emblématique, avant Rimbaud et Artaud, du poète maudit, malmené par la société, incapable d'y trouver sa place, en l'honneur de qui Alfred de Vigny écrivit une magnifique plaidoierie dans sa pièce "Chatterton".

Piers Tenniel

Les Chimères (chez Athéna), La main enchantée chez Abu, Une biographie
et Un texte en prose, le Monstre Vert
et ici-même, ses livres

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