Qu'elle suscite l'hostilité, le scandale, ou l'admiration, la personnalité de Sylvia Plath, ni sa poésie, ne peuvent laisser indifférent. Cette jeune femme qui choisit de mourir à 31 ans (en 1963) fut considérée selon les cas comme relevant simplement de la psychiatrie - toute son oeuvre étant alors réduite à des fantasmes de névrosée - ou comme la figure emblématique du génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes. Les difficultés qu'on peut rencontrer lorsqu'on veut interroger sa biographie sont à la mesure des controverses qu'elle a suscitées: sa mère a expurgé une partie de sa  correspondance, et son mari, le poète Ted Hugues, a pris sur lui de détruire son dernier journal, celui des derniers mois précédant le suicide, « pour protéger sa famille et ses enfants ».
Née aux Etats-Unis, près de Boston, le 27/10/32, de parents enseignants, émigrés allemand et autrichiens, Sylvia Plath a huit ans, lorsque son père meurt à la suite de l'amputation d'une jambe gangrenée. Elle a eu ce mot: je ne parlerai plus jamais à Dieu. Ce premier drame l'a marquée et ce père mythique hante nombre de ses poèmes. Cette famille avait beaucoup d'ambition et le culte du travail. Souvent trop exigeante pour elle-même et pour les autres, brillante élève, très précoce en poésie, Sylvia avait décidé dès l'adolescence de devenir écrivain. Elle poursuit de brillantes études à l'Université bostonienne de Smith, publie des poèmes, s'occupe d'une revue, participe aux fêtes et aux bals de la vie étudiante. Sa beauté et son humour lui valent de nombreux soupirants et quelques liaisons. Mais elle se pose des questions sur son avenir et sa vocation, son humeur oscille de la plus grande joie au plus profond découragement; elle est prise entre le conformisme ambiant et l'impérieux besoin de liberté et d'indépendance qui est en elle.


Sylvia Plath
Les soucis financier, les besognes alimentaires et le surmenage déclenchent une dépression nerveuse qui aboutit à une tentative de suicide (elle a 20 ans) et à une perte temporaire de la mémoire. Les soins et l'amitié d'une jeune psychiatre lui permettent de reprendre une vie normale et ses études à l'Université. Elle continue à publier poèmes et nouvelles où l'angoisse est toujours sous-jacente. Elle obtient en 1956 une bourse Fullbright pour étudier en Angleterre, à l'Université de Cambridge où elle va faire la connaissance de Ted Hugues, un jeune poète anglais. Rencontre fulgurante. Mariés quelques mois plus tard, Ted et Sylvia vivent à Londres. Sa vie d'épouse, ses tâches ménagères, les soucis financiers, la dactylographie des manuscrits de Ted occupent plus Sylvia que sa propre carrière. Ils décident alors d'aller vivre deux ans aux Etats-Unis et tentent de subsister de leur plume, mais Sylvia doit occuper de petits emplois temporaires, notamment dans un hôpital psychiatrique.Puis ils retournent à Londres, où ils vivent en symbiose et s'aident mutuellement dans leur travail. Frieda, leur premier enfant, naît en 1960, et leur fils Nicholas en 1962. Ils vivent alors à la campagne.

Sylvia découvre que Ted a une liaison ; elle brûle des lettres et des manuscrits de Ted. Paradoxalement, cette période de colère et de désespoir est la plus productive pour Sylvia. C'est la rupture. Elle va bientôt s'installer à Londres avec les enfants, mais cet hiver 1963 est rude, Sylvia et ses enfants sont fréquemment malades, elle trouve difficilement le temps d'écrire. Son médecin lui prescrit somnifères et anti-dépresseurs. Le 5 février elle écrit un dernier poème, Le Bord. A l'aube du 11 février, après avoir mis ses enfants à l'abri elle absorbe des somnifères et ouvre le gaz de la cuisine. Anne Mauger

extrait d'un article paru dans
Vivre en Poésie 27.


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