Je leur dirai bien : Réveillez-vous ! mais je ne saurais pas leur dire comment faire et ils diraient : Mais nous ne dormons pas. Pendez, pendez cet imposteur et qu'on le voie cracher sa langue!
Et je serai, de toute façon, pendu.
Et le poète, dans sa prison, se frappait la tête aux murs. Le bruit de tambour étouffé, le tam-tam funèbre de sa tête contre le mur fut son avant-dernière chanson.
Toute la nuit il essaya de s'arracher du coeur le mot imprononçable. Mais le mot grossissait dans sa poitrine et l'étouffait et lui montait dans la gorge et tournait toujours dans sa tête comme un lion en cage.

Il se répétait :
De toute façon je serai pendu à l'aube.
Et il recommençait le tam-tam sourd de sa tête contre 1e mur. Puis il essayait encore : Il n'y aurait qu'un mot à dire. Mais ce serait trop simple. Ils diraient Nous savons déjà. Pendez, pendez ce radoteur.