| Je leur dirai
bien :
Réveillez-vous !
mais je ne saurais pas leur dire comment faire et ils diraient :
Mais nous ne dormons pas. Pendez, pendez cet imposteur et
qu'on le voie cracher sa langue!
Et je serai, de toute façon, pendu.
Et le poète,
dans sa prison, se frappait la tête aux murs.
Le bruit de tambour étouffé, le tam-tam funèbre de sa
tête contre le mur fut son avant-dernière chanson.
Toute la nuit il
essaya de s'arracher du coeur le mot imprononçable.
Mais le mot grossissait dans sa poitrine et l'étouffait et lui montait
dans la gorge et tournait toujours dans sa tête comme un lion en cage.
Il se répétait
:
De toute façon
je serai pendu à l'aube.
Et il recommençait
le tam-tam sourd de sa tête contre 1e
mur.
Puis il essayait encore :
Il n'y aurait qu'un mot à dire. Mais ce serait trop simple.
Ils diraient
Nous savons déjà. Pendez, pendez ce radoteur.
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