Victor Hugo et JeanneVictor Hugo grand-pèreArbre à Poèmes

Jeanne parle ; elle dit des choses qu'elle ignore ;
Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,
A la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,
A l'immense nature un doux gazouillement,
Tout un discours, profond peut-être, qu'elle achève
Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,
Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé.
Dieu, le bon vieux grand-père, écoute émerveillé.

L'art d'être grand-père

Jeanne est déjà une petite femme, un puits de douceur, pleine d'invention affectueuse... Comment ne pas "fondre", comment ne pas imaginer que tous les arbres, les animaux, le ciel, et Dieu lui-même, s'arrêtent, pour la contempler*, et l'écouter.
Victor Hugo avoue à ses proches, qu'il est étonné d'avoir fait la guerre à un empereur (Napoléon III) et de se trouver "vaincu par un petit enfant" !
Jusqu'à la fin de sa vie, le poète aura gardé la capacité de s'émerveiller et celle, bien précieuse aussi, de relier tout ce qui constitue le monde, d'y voir (d'y lire) une unité profonde.

* Cet arrêt "en contemplation" apparaît déjà dans le recueil "Les contemplations" de Victor Hugo : voyant ses deux filles assises auprès d'un bouquet d'oeillets blancs, il compare ce bouquet à "un vol de papillons arrêté dans l'extase".