Solitude, amour de la nature, inquiétude religieuse: ses poèmes révèlent les deux maîtres qu'il s'est choisi : Baudelaire et Verlaine. On y ressent aussi l'incurable nostalgie d'un adolescent qui quitte l'enfance, âge où n'existait ni le temps ni la faute: sa poésie est "un pèlerinage au tombeau de l'enfance".
Son père s'opposa à sa vocation de poète. La grande affection qu'il conserva pour sa mère (elle lui fit partager son amour de la musique) et une conception idéale de l'amour, qu'il voue tantôt à Gretchen, une jeune fille du voisinage, tantôt à Francoise, une amie de sa mère lui fait écrire, quand il évoque l'inaccessible amour : "je ne puis l'approcher qu'en des vapeurs de rêve".
Poète sensible et délicat, benjamin de l'Ecole Littéraire de Montréal (à 17 ans) dont il s'éloigne après avoir été "moqué"par un critique, il connaîtra pourtant lors de l'ultime séance de l'Ecole Littéraire, le 26 mai 1899, son heure de gloire: il obtient un véritable triomphe en lisant sa "romance du vin". Mais les 8 dernières semaines de lucidité dont jouira le poète seront marquées par des crises de dépression de plus en plus graves. Le 9 Août 1899, à 19 ans et 7 mois, Emile Nelligan est interné à l'asile Saint-Benoit jusqu'à sa mort, 42 ans plus tard, le 18 novembre 1941.
Le secrétaire de séance: Frédéric KNERR
