- Suzanne
Walther-Siksou, Québec, le 11 décembre 2002
Le mainate
amoureux
À Mohamed Benyounès
L'oiseau
imitateur apprendra , je le sais,
Les mots que les amants murmurent à leurs belles,
En oubliant les fous et les atrocités.
Il les
répétera , ébloui de lumière
En survolant le port ou les bois parfumés.
Le bonheur renaîtra dans le coeur des fidèles.
Je me
souviens émue de l'Université,
De ses jardins en fleurs derrière l'immense grille,
Des rires et des rêves des garçons et des filles.
Alger
la blanche, mon élégante tant aimée,
Innombrables points blancs sur le vert des collines
Avec du bleu au - dessus d'elle et au-dessous!
Ses enfants
de demain ne seront exposés
Qu'aux vocables d'amour que la beauté suscite,
L'absurde disparu, ils s'épanouiront.
Alors,
l'oiseau grisé, devenu amoureux
Mêlera ses romances à celles des poètes.
Pour consoler les mères qui avaient tant pleuré.
-
Abderrazak
Ben-Hamida, Tunisie, le 11 décembre 2002
A` la
Gare du Nord je compte les voies
Seule une voix guide mes pas
Un souffle d'Orient en provenance du Sud
Réveille ma foi à la veille de l'Aid
Un rayon hésitant me traverse le visage
Jasmin, tas fait bon voyage?
Des Roses de Picardie
Ôtent le voile au seuil de Paris
- Abbaté
Giovanni, France, le 10 décembre 2002
Certitude.
"La
poésie est indispensable.
J'ignore à quoi".
Disait Jean Cocteau
C'est
précisément quand on sait
sans savoir l'expliquer
que la certitude
remplace le doute
Car tu
ne peux remettre en cause
ce que tu ressens profondément
Tu sais...
comme l'existence d'une rose...
ne serait-ce que "l'espace d'un instant"...
- Amine
Chakib, France, le 10 décembre 2002
Belle
La lune
Comme Elle
Printemps en avant des vers nocturnes
Selle les nuits et poétise les heures
Eclaireuse des nuits et des secrets
Pisteuse des espaces infinis
Dans ses plis je minsinue jinsinue et je sinue
Sous ses pierres je cherche des vers
Je trouve de lherbe verte
Que reste du feu des nuits blanches
Où Sesseulaient lêtre et la foi
Sur les flans les empreintes de l éclat
Seul leau tient son rang et déluge de lumière
Sur les enfers sertis d abysses et de cris
- Anne,
Belgique, le 10 décembre 2002
Elle
voit le bois coupé
Le matin glacial qui la fait sortir lui
Pour la réchauffer elle
Elle voit le bois coupé
Et ses mains posées sur elle
Et les échardes dans les doigts
Pourquoi si vite
Pourquoi si lentement
Pourquoi les réponses
Décide de sabandonner
A la pensée quelle est dans la sienne
Pourquoi la lutte
Pourquoi les duels
Pourquoi si lentement
Alors quil est dans latteinte delle
Dans la teinte du noir et du blanc
Pour qui les réponses sont une palissade de pauvres
- Van
Huffel, France, le 09 décembre 2002
Dans
mes mains mes mains battantes
Au puits des ombres du grand espace clos de nos rencontres
Cherchant les gestes oubliés de l'ouverture des portes
J'ai tes cheveux en flaques en fines fragrances
Dans
mes mains mes mains furieuses jetées
Sur les trajectoires contraires des heures
Et du rebond lancinant des paroles mort-nées
J'ai toute l'écume sculptée de ta danse muette
Dans
mes mains mes mains tordues sur la harpe du vent
Jouant le vascillement des trop fortes tempêtes
J'ai tes mains en repli doucement
J'ai le regard fermé des départs.
- Bauduin
Sylvie, belgique, le 09 décembre 2002
un nuage
de poussiére se dessine au-dessus de mon visage.
il a parcouru des kilométres avant de me rejoindreà
la hauteur de mes rêves.
poussé par le vent,
il accompli sa mission qui est de me faire voyager de part le monde.
un instant,
il s'arrête pour mieux observer de ses grands yeux blancs.
il se métamorphose au gré de mes rêves éveilles.
tout doucement,
il s'en va.
sur la pointe des pieds,
il va rejoindre le Sud de mon coeur,
pour ne plus y jamais pleuvoir sur mon âme.
- Claude,
Brésil, le 08 décembre 2002
Sous
un soleil sans âge
Tu marches à mes côtés
Avec la force d'un chêne
Ton murmure est un fleuve
Il croît dans mes mains
Plein de vie dans mes bras
Ton visage est une étoile
Illuminant cette rue
Et tu me donnes un sourire
Dévorant une orange
Le monde se métamorphose
La vie n'est pas à nous
Elle n'est à personne
Je dois sortir de moi-même
Marche à mes côtés
Comme le fleuve Amazone
Nous voici au bord de l'abîme
Labirynthe de mes pensés
Où mon âme se perd
Je recueille un à un les fragments
Et je continue sans corps
Couloir sans fin de ma mémoire
Porte ouverte sur une salle vide
Où pourrissent mes illusions
Le diamant de ma soif brille au fond
Visage qui s'éfface dès que l'évoque
Mains qui se dénouent
Dès que je les touches
Toile daraignée en tumulte
Sur les sourires du passé
Je te cherche en vain
Jécris ma solitude
Il ny a personne le jour tombe
Tombe comme linstant au fond
Invisible chemin dans le miroir
Jy vois mon image éparse
Cheminant sous le jour cru
Parmis les instants parcouru
Lombre de mes pensées
Cherchant la vie à vivre et dêjà vécue
Temps qui revient comme la mer
Et va sans montrer son visage
Ce qui est passé et na jamais été
Et silencieusement revient
Sur um autre instant
Pour disparaître.
Face à cette nuit de pierre
Armée dinvisibles couteaux
Marquant sur ma peau
Cette bléssure qui me couvre
Comme un manteau de flammes
Brûlant sans me consummer
Je cherche une eau fraîche
Tout au fond de tes yeux
Et ny rencontre que des pierres
Il ny a plus rien en moi
Rien quune grande bléssure
Un lieu où personne ne va
Une chambre sans fenêtre
Où mes pensées se perdent
Dans leurs propres transparences
Un regard dans mon regard
Abolissant la lumière
Je dois poursuivre mon délire
Dans les chambres dans la rue
Dans les couloirs sombres
Et revenir au tout début
A la recherche de mon visage
Je marche dans les rues
A la recherche de moi-même
Regarde moi !
Regarde la vie jusquà la mort
Viens avec moi de lautre côté de la nuit
Là se tient mon autre moi
Celui qui marche solitaire
Au milieu de la nuit
Suivant la même lumière
Qui jamais ne séteindra.
- Centredumonde,
France, le 05 décembre 2002
En débarquant
à Syracuse
En débarquant à l'aérodrome de Syracuse, on pose
le pied sur des invectives nationalistes, tandis que le garçon
d'ascenseur, un éminent gaillard à la pensée
double (on/off) se fait harponner en photogramme par les vagabonds.
Hautain, planqué derrière des caisses de Heineken, le
mitrailleur sollicite une compensation. Donnez-moi le contrepoison.
La signification de nos excuses.
A Cuba, on sen fiche. Les progressistes discourent sur le bien
fondé de cette surprenante requête. Lors dun matraquage
mental à lAssemblée rectale, entre deux tables
branlantes, Ombrelito proclame le droit pour tous à l'intempérance
avant de s'assoupir dun bruit sec. Gonzo, son ami velu, nose
plus lui briser la nuque depuis que les autres ont découvert
quil était un agent double au service du mitrailleur.
Un fusil de chasse et des cartouches ont dailleurs été
trouvés dans la demeure de Gonzo. « Rends-moi ma femme,
ou tu vas vivre un sale quart dheure ! » « Tu es
célibataire, trouduc ! » « Tant pis pour toi, je
vais chier dans tes viscères ! Je crache sur ton âme
! » « Putain, tes cinglé ! Allons plutôt
baiser ! »
Le forfait avait dressé un violent émoi au cur
de la canicule, parmi les grossistes et les fermiers de la fugace
bourgade
Quand
je marche vite, ou quand je cours, jai lair con. Je vois
mon dos cambré et mon petit postérieur, mes genoux crispés,
mon profil de juif maladif et mes tétons turgescents, mes longs
bras maigres et mous, mon ventre lâche, mes omoplates, je contemple
ce léger foirage et je me dis que je suis fait pour la lenteur.
Alors
lair chaud me happe et me projette sur le sol de Syracuse.
[Quelquun
peut passer la commande ? Je prendrais bien une vodka
]
- Anne,
Belgique, le 05 décembre 2002
il veut
des moments
entrecoupés dabsences
et que reviennent les premières fois
il veut
des départs et des arrivées
des moments suspendus entre deux
et les émois à fleur de peau
il veut
des privilèges delle à lui
des tendresses et des douceurs
épurées de permanence
il veut
des constances
faites sur la pensée et les rêves
sur des réalités lentement approchées
elle veut des moments de lui
chaque instant
et se maudit
dêtre à ce point barbe bleue
ils veulent des instants et des silences
des innocences quils croyaient paumées
ils sont incurables