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RUDE ÉCOLE
Parce que je m'étais trompé d'une minute dans les calculs
annonçant le passage de la grande comète, ma mère me
prive de vin. Je suis très tenu à la maison. À quarante
ans passés on contrôle mes lectures, mes relations. Je ne sors
pas seul dans la rue non plus. Et je ne me plains pas de ces
sévérités qui ont fait de moi un savant. Si je flâne
dans les couloirs de l'Institut, mon père à la sortie me menace
d'une bonne fessée en rentrant. Je la mérite. Mais c'est aussi
à force de coups que j'ai pu établir et vérifier les
lois physiques qui ont illustré mon nom. À côté
des piles énormes de travaux manuscrits accumulés sur mon bureau
qui constituent la somme de mes oeuvres scientifiques, le martinet est en
bonne place qui veille, et j'en remercie mes parents.
André
Frédérique |