- Romel
Crevecoeur, Haïti, le 14 mai 2001
Et si
demain naissait sous un autre ciel
Liquide et stable comme ton sourire derrière l'horizon
Debout dans le silence je ne tremblerais plus
Comme ces pierres que jamais tu n'as vues
Ces villes qui ne t'ont pas connue
Debout dans l'ignorance je t'aimerai mer de corallines
Les oiseaux
porteraient le sable
Sous leurs paupières et l'innocence éclose
Pour t'annoncer mon délire ma blessure
Pour te dire le temps ignore son coeur
Et goutte immobile d'amour
Tu brillerais comme ma brisure parole nulle parole pure
- Claire,
France, le 14 mai 2001
EAU
Ruisseaux courbés sur l'arc des pierres,
Ondes claires mères des doigts
Que nous leur confions,rivières,
Vous qui nous appelez toujours,
Où que nous soyons.
Epuisés,encore debout,changeants
Nous rêvons de nous allonger
Entre les feuillets de vos fluides,
De livrer nos cheveux,nos yeux
A votre vérité subtile,
A votre éternelle passion.
De dériver en vous,enfin,
Si lentement
Vers l'estuaire.
-
Emilie,
France, le 13 mai 2001
Une harmonie
Brulée
Un univers d'accord parfait
Où toute tempête est innocente,
Où toute vie est rayonnante,
Et c'est là toute la verité.
C'est
comme une musique légère,
Entre tamtams et violons;
C'est comme un cerf-volant s'effaçant selon les doux courants
d'air.
Et cette
brise qui carresse
Les fines feuilles du gros hetre
Tout en faisant craquer cet être
Plein de force et de tendresse.
Et toi,
d'un geste perdu,
Tu allume cette allumette
Et consume tel une cigarette
Ce monde d'où tu es seul exclu
- Taoufiki
Belaid, Maroc, le 13 mai 2001
Tu as
nommé les choses et tu as fini
peut-être ajouterai-je à ta peine amère un peu
de sucre
et près de la tasse de café je m'assoupirai
tel un chat domestique, écoutant les sabots franchir les frontières
du soupir
je m'amuserai avec l' écheveau de la lumière qui esquive
la nuit du péché
ceci
est une échelle
vers la tour du souvenir elle monte en descendant
elle descend en montant.
j'ai attendu ce que ne permirent les jours,
celui qui se diversifie quand je l'unifie.
contre
les jardins imaginaires je m'armerai d'une nouvelle illusion.
j'ai
nommé les choses et ai fini
dans l'incertitude, ceci est une gare
pour convaincre, j'inventerai une preuve:
de retour, la nuit, le train de dimanche porte la
fatigue des soirées, un vertige
restant, des femmes esquivant la tentation...
et, épuisé, il disparait dans le tunnel ténébreux.
le vent
de l'aube, ce lundi-là, poussait les débris,vers là-bas
j'ai
nommé les choses...
ceci est un sac...
distrait,
les pas se dessinaient près des portes
l'heure de l'encre a sonné trois coups
les feuilles sont tombées du cahier de l'age entêté
les roues de la vie ont défilé à toute allure
au moment du sifflement, je n'étais pas encore devenu espace
le soir, malgré ce que firent de moi les ennemis, était
le soir
j'ai mis les étoiles dans mes poches
et m'en suis allé.
une autre
feuille est tombée
j'ai changé de place avec le geolier
a cause de ce qu'il expérimentèrent sur moi, je suis
devenu désert
mais, telle une prairie de gueux, j'étais serein.
encore
une fois
je tenterai d'éventrer les ténèbres avec mes
étincelles
j'ai
nommé les choses...
j'ai aperçu l'eau dans les sillons de sable
les navires
sont passés de l'autre coté
au sommet de l'un d'eux, la boussole de l'errance etait en panne
il y avait un musicien aux doigts coupés, près d'une
femme qui pleurait un amour impossible
elle lapidait mon coeur avec des vagues, offrait à ma soif
un sein aussi furtif que l'éclair
ah, si j'avais parcouru un autre chemin!
ah, si j'avais été un bûcheron!
j'aurais aimé ne pas avoir vu les bateaux passer.
j'ai
appris à mon coeur comment frapper aux portes de l'exil en
silence
j'ai nommé les choses...
face à la servitude j'ai brandi la feuille blanche:
(tel un sabre aiguisé j'étais innocent, ce soir-là)
je lui ai donné un de mes souffles d'enfer
le ciel de mon pays s'éloignait de ma blessure
ses rues peuplaient mes veines
j'ai dessiné des nuages gravides de la mer
j'étais aussi pécheur que les rodes de l'aube
j'étais, comme les vignes,la nuit, alourdi de chagrins
une femme souillée de pudeur pleurait
dans mon coeur de l'herbe poussait...
et les venelles de ma poitrine se sont lavées de leur boue
le bon
dieu savait que ce moine était un humain
alors quand il souhaita du pain blanc aux églises, les glas
ne tombèrent pas en panne
et au bord du fleuve de l'amour,des papillons se sont attroupés...
des fêtes
immenses se sont déclarées des crises
des noms éclosaient...
- Sandra,
Canada, le 12 mai 2001
J'aime
le printemps
Pour courir dans les champs!
J'aime
l'été
Pour aller me baigner!
J'aime
l'automne
Pour cueillir des belles pommes!
J'aime
l'hiver
Pour prendre la bonne air!
J'aime
toutes ces saisons,
Pour toutes ses raisons!
-
Adri
Fab, Canada, le 11 mai 2001
Pages
de satin
petites fêtes où neigent des alouettes sur les mots
où les points sont des points d'eau qui donnent soif
où des myriades de mots
patinent sous nos yeux.
Bonheur.
-
Nicolas
Bovis, France, le 11 mai 2001
Je tiens
simplement à remercier cet élan poétique international
doté d'un coeur gros comme ça... Pour cette lecture
quotidienne que vous offrez aux poètes du monde dans une expression
des plus vivantes et vouée à des thèmes inépuisables.
-
Saïd,
France, le 11 mai 2001
Le chapeau
tombé sur les yeux
Pour ne pas voir.
Pour ne pas voir la misère des miséreux
Qui longent les quais déserts de joie.
Les genoux sanglants de désespoir
Supportent les larmes accrochées à la rage.
Les baluchons sur les épaules,tanguent
Comme ce bateau qui les a emportés
Loin de tout,du père de la mère.
Ceux qui sont restés pleurent de joie.
A chanter trop fort,on chante faux
Ou on déchante quelques kilomètres plus loin.
La détresse du choix emprisonne les hommes libres
Le coeur sur le trottoir
A la merci de tous les rapaces.
-
Dubus,
France, le 10 mai 2001
Le doigt
de Gratas*
Le doigt
des Gratas
Touche tendrement
Mon oeil
Recueil
De ses firmaments
Où rien ne se casse
Le doigt
de Gratas
Serre lentement
Ma main
Marin
Perdu dans le vent
Qu'un sourire embrasse
Le doigt
de Gratas
Souffle chaleureux
Mon âme
Condamne
En arlequin bleu
Que le sable efface
Le doigt
de Gratas
Pose son empreinte
Sur moi
Et moi
Emu par la feinte
Tends mon doigt de glace.
*Gratas:
peintre énigmatique peignant des paysages marins où
le bleu et le blanc dominent dans des traits très épurés,
sans cassure nette.
-
Françoise
Devaud-Beseme, Pérou, le 10 mai 2001
TOUT A LA FOIS
Je veux
être la mer,
le bateau, et le marin.
Je veux tout tenir entre mes mains.
Je veux être l'arbre,
le cert, et la forêt.
Je veux la solitude, et la multitude.
Je veux la plaine, la mer et la montagne.
Je veux conquérir Aldébaran,
et Bételgeuse, et Bellatrix et Rigel
et mes songes ne tiennent pas
dans ma tête trop petite.
Je veux qu'on m'aime
et aussi qu'on me laisse à mon chagrin.
Je veux tout,
Je ne veux rien.
-
Patrice
Godin, Québec, le 9 mai 2001
BRÛLURES D'OISEAUX ( pour Nathalie)
Je vais mourir
nécessairement
de brûlures d'oiseaux
muet opalescent
mourir
d'une douleur ancestrale
sauvage d'iris et de saule
de feux croulants arrachés aux dieux
de larmes enivrées
à genoux de terre battue
nuage de ton ciel immense et vif
éclaté de parfums de roseraie
mourir nécessairement
de comédies rêveuses
organique de ta peau
solide comme une sève hivernale
je vais mourir nécessairement
mais roi d'une solitude inachevée
fils d'un millier de races
chien bâtard et touchant
lové au creux de ta féminité admirable
où je sucerai les cristaux de l'Éternel
je vais mourir
idiot cruel sans nom d'étoile
mais peuplé de toi à jamais
tatoué d'ossements
je vais mourir nécessairement
oui
de brûlures
d'oiseaux.
-
Guillaume
Basset, France, le 9 mai 2001
Qu'est
ce qui fait hurler les bêtes loin du regard du sommeil ?
Qu'est ce qui fait pleurer l'angoisse dans la chanson des sirènes
?
Qu'est ce qui fait crever le coeur face à la douceur des nuits
?
Une flèche, une éclipse, une loi ? Une voix, une prière,
une perle ?
Seule la tendre vibration boréale de la sensation, au plus
profond de l'intime, captive l'oraison sublime, ô éclosion
magicienne, pour lancer aux étoiles les mégots des rêveries
sinueuses.
- Vincenzo
Capitanucci, Italie, le 8 mai 2001
Danse
danse
suis la cadence
n'écoute plus la voix
habite
le vent
suis la cadence
on l'a écrite pour toi
le temps d'une danse
l'instant d'une vie
-------
Les quelques mots qu'on invente
les mots sots
les mots savants
les quelques
mots qui nous inventent
brodent le silence
d'un parfum de romance
-------------
D'un
choc de lumière
naquit l'ombre première
quand
le ciel repose
sur nos épaules
Zoè
se plaint
de ne plus trouver un sens
à la vie
elle
part dans un pleur
sur son trottoir d'écumes
où les vagues se brisent
blanc
dans le noir
noir dans le blanc
on ne
sait plus
je l'accompagne
petit
corpuscule
d'un chant érotique
-
Adri
Fab, Canada, le 8 mai 2001
Gisante
dans l'arène. Et pourtant..Elle danse dans l'immobilité
du silence. Les mots muets de l'été coulent sur sa mémoire.
Un violon murmure au loin, défroisse les plis de son coeur.
Stravinski, Malher réveillent ses soirs, ses matins dominicaux
d'arôme de café.
Maintenant,
du sable, que du sable en fuite vers nulle part.
Gisante,
elle s'enlise en sa blessure. Ficelée, désarticulée.
Coincée entre la vagues mouvantes d'une mer graveleuse. Vertiges
incessants, mémoire tourbillonnante,souvenirs en allée.
Elle
se tait. Là-bas, le violon de l'été lui rappelle
les folles effluves de mortes amours.
Elle
s'étire dans le sable de l'imaginaire.