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R
B, France, 21 mai 2000
Le temps
a délave de ses flots monotones
Les plus belles années aux soupirs d'un automne.
Et nos rêves jaunis en myriades planantes
Se posent à la vie sur les feuilles mourantes.
Il est
doux le matin qui nous porte à la mort
Vers un sein foisonnant de modestes trésors
Et qui boit notre sang pour gorger de beauté
Des demains plus chantants aux souffles printaniers !
Nos éclats
de soleil renaîtront à la terre
Sous la voûte des treilles ou au lit des rivières,
Moi dans l'herbe sauvage ondulante et sereine,
Toi au vent de l'orage qui terrasse le chêne.
Il fallait
ces années à traîner l'âme lourde
Et le coeur fatigué de musiques trop sourdes
Pour enfin regagner la douce sépulture
De l'humaine contrée à la verte nature.
-
Patrick
Bittner Lamy, Québec, le 20 mai 2001
Il y
a des soirs
Qui attisent l'exubérance
Et d'ou l'on rêve oh!
De faire l'amour sur la lune.
Et au
vol de l'abeille
Le miel pur est parfois si sucré
Que l'on si pique de la vie oh!
Et dans nos veines, du soleil.
-
Yasmine
Bourhane, France,
le 20 mai 2001
Bulles
Encore une fois je me retrouvai au point de départ.C'est qu'à
tourner en rond j'en vins à réaliser le rêve de
cet inconnu qui me souffle en bulles de savon à travers sa
lunette. Pour seule consolation des pans de ma personne s'envolant
dans les airs, j'aperçois des lucarnes d'arc-en-ciel, points
d'eau au coin d'un désert. A chaque fois, il est trop tard
pour se jeter par la fenêtre (pour s'essayer à voler
s'entend, la mort n'est pas de ce monde), jamais trop pour me surprendre
à rêver, quand mes pensées s'envolent malgré
moi. Et je passerai les ponts du jour à la nuit à retrouver
la trace de ce qui s'est échappé de moi la veille, dans
les eaux du ciel. Sans pour cela que je ne sois montée d'un
degré sur l'escalier sans marche (car j'ai le courage de me
dire mais me manque encore celui de mettre la main à la patte)en
forme de spirale où je m'amuse à tourner en rond, sans
rire, vous en pleureriez autant si vous étiez bulle de savon.
Par miracle tous les trente-six du mois, la police de l'amour vient
à passer par là, rédiger son rapport.
- La taille de vos ailes, mademoiselle? vos inventions sont-elles
fruits de votre imagination ou les avez-vous volées au marché
des idées qui n'existe..? Cette robe, avec l'oiseau brodé
en haut à gauche, la portez-vous depuis longtemps...elle n'est
pas toute neuve...la porterez-vous encore demain? Demain sera fait
de la même étoffe?
- Pitié! madame la police, pitié pour mes rêves,
je vous prie de cesser de me donner vos coups de caractères
en plein coeur, j'ai là un oiseau qui ne tient qu'à
un fil. Je n'ai pas de preuves à vous donner mais vous prendrez
bien quelque chose: un verre de lait chaud? si vous avez le temps
dites lui de s'arrêter, je vous montrerais mon étoile,
elle est pareille aux autres, sauf que c'est la seule que j'aperçois
de ma fenêtre, sans contorsions, depuis mon lit, tenez je vous
y fait une petite place, nous y rêverons pour l'éternité.
Ne vous inquiétez demain fera le travail à votre place...c'est
ainsi, tous les jours que Dieu fait, je me retrouve au point même
de départ et l'inconnu souffle à travers sa lunette
ce qui reste de ma vie, des bulles de savon échouées
sur la page.
-
Romel
Crèvecoeur, Haiti, le 20 mai 2001
Mon poème
L'espace creux de mon regard
Ma déraison plus folle qu'une prison
Plus insoumise qu'un vieux pavé
Mon poème
Ma plus belle phrase d'amour
Te souviens-tu la vie dans mes veines
Et le sable qui se brisait
Mon poème
Ma route dans le silence
Je suis ce cri qui persiste sur tes plages de verre discret
Mon poème
Ma voix pendue à l'extravagance du temps
- Galimba,
France, le
20 mai 2001
Hurlement
Hommes vous dites :
"Vis!" à quelqu'un qui veut mourir. Mais il n'écoute
pas!
Non! Il n'entend pas !
Moi je dis: "Tu veux mourir ?
C'est donc que tu veux vivre!
C'est donc que tu en appelles aux étoiles et aux torches.
C'est donc que tu en appelles à l'existence dans toute sa splendeur,
car tu as décidé de te risquer à marcher léger
et vivant, Ô si vivant! De porter ton poids et même un peu
plus."
Voilà ce que je crois, ce que je veux offrir.
On allume pas une flamme en lui disant; allume-toi!
Non, il faut frotter bois contre bois,
Faire jaillir l'étincelle, mettre un peu d'amadou (le peu d'écorce
suffira), puis souffler, souffler...
-
Tristan
Peare, France, le 19 mai 2001
L'ANGE
DE CHAIR
L'éphémère
soupir fut notre seuil de grâce
Elle s'est évadée à travers la rosée
A confié son aile aux caprices du vent
Se laissant porter par l'onde douce
Abandonnée enfin sur le sable doré.
Le timide
rayon résolu et futile
Est venu en silence effleurer ses cheveux
S'est laissé entraîner par ce désir impur
A glisser lâchement sur le corps endormi.
De ce
repos suave s'est dressé l'ange bleu
Déployant en panache sa sereine beauté
Retournant à tous vents sur une rire frivole
Aux nues d'Aphrodite sous des cieux argentés.
- Rosler,
France, le 19 mai 2001
Carmina
burana
« fortune plango vinera, stilantibus occelis »
La roue
de la fortune tourne et se détourne de mon destin
Va nu-pieds au grand cur qui déambule sans toit ni loi
Terrassé, lessivé, par une vie de bohème et de
rapines
Le temps
passe, repasse et moi, petit stroumpf je trépasse
Les os rongés par lacidité dune existence
contemplative
A chercher des escargots cachés sous les feuilles mortes
- Julien
Santenoy, France, le
20 mai 2001
Si d'aventure
C'est rare que je pleure en public
parfois juste des larmes
à l'extrème frontière de l'orbe de mes yeux
brillent
parce que la vie est spécialement étrange
Si d'aventure
vous avez dit ceci
et que vous viviez
cela
ne demandez pas pourquoi
Si d'aventure
vous rêviez ceci
et avait vécu
cela
ne lâchez
pas.
Spécialement
étrange la vie suit son cours
dans vos veines
Vous
payez le prix par vos peines
Pas plus
que la pierre
ne se plie
au marteau du sculpteur
si le sculpteur est endormi
Pas plus
votre vie
ne sera votre vie
si vous n'êtes pas ici.
-
Waleeh
Waleeh, Cameroun, le 18 mai 2001
IMMUABLE...
Bien seul,
Au milieu de ces murs froids
Comme un prusse dans un métro d' hiver
De ce lit trop grand
De ce téléphone muet
De ces persiennes closes
Comme les mânes celestes sur le soleil de Freetown
Avec sans cesse vivace, en moi
Le souvenir immuablement présent
De ces saisons maintenant revolues
Où notre amour n'était rien que de...l'amour.
- Agnes
Brugier, Chine Populaire, le 18 mai 2001
La traîne
des souvenirs se froisse et lécriture ploie
sous le poids du silence.
Dans le bouquet des vies qui saltèrent dans le soir,
dans ce pari mouvant,
la mémoire se déploie heureuse,
appuyée à la cime de larbre qui tremble sous la
pluie.
Le réel en éclipse clignote dans la ville.
Douceur infinie du chinois qui regarde
blottie sur le sofa splendide dune impuissance altière
!
Lastuce du silence cest de se confondre avec la nuit,
même quand il gît au fond des mots.
Les moments
symétriques sinscrivent sur les tentures vierges
des reflets qui séloignent.
Les couleurs électriques sétreignent dans la nuit
et solitaires les voix humaines sentrechoquent.
On mouche les passions comme on mouche les flammes
et la cendre retombe sur lexiguïté de ce que lon
nomme humain.
Dans ce recul de soi à soi existe
une certaine forme de compréhension sereine
ou de sérénité compréhensive du silence.
Le silence
est riche de couleur quand soudain il se distingue du vide dont il
surgit.
-
Lalou,
France, le 17 mai 2001
Prendre
Corps
Les mots
nous ont liés
comme une toile
ils ont tissés
le cocon fragile
la chrysalide
le nid douillet
pour nous aimer...
Les mots jetés
dans le grand froid
sur l'écran gelé
papillons envolés
pensées posées
et des icones
pour nos baisers.
Ici, ta main c'est le nom
Ici, ta bouche c'est le mot
Ici, tes yeux sont le verbe
Ici, ton corps est la phrase.
Ici,
le silence, c'est deux fois ton absence.
-
Magnat,
France, le 17 mai 2001
A
cette terre
Nous
vous saluons hommes et femmes de cette terre
Que la
beauté de la privation
donne le sens aux nuages
Que les
vents chargés de présents empoisonnés
lâchent les colères sur les déserts
Que le
chemin dessiné dans nos curs
ouvre la voie des réconciliations
Que le
simple appareil de nos corps
danse l'âme de la terre
Que la
liberté du langage
nomme les totems du monde
Qu'enfin
les itinéraires du Rêve
retrouvent les marques de la dignité
Car la
richesse est dans l'esprit
car la pauvreté est dans la haine
car le
bonheur est dans nos curs
car le malheur est dans nos têtes
Nous
signons avec vous le pacte universel
de la rencontre entre les peuples
signer
est la trace du désir
signer est la clé des Mondes
signer est le don à l'autre
Nous
retrouverons nos signes sur nos géographies
et les montagnes plus belles que les corps de femmes
et les villes plus grandes que l'empreinte des hommes
pour
dire le feu, pour dire l'eau
pour dire l'air, pour dire les pierres
pour dire les arbres, nos protecteurs
pointes de hérisson sur la planète en boule
que certains s'acharnent à couper ou à brûler
pour se jeter au cur des cyclones et des tornades
pour s'ensevelir dans les tempêtes de sable
pour couper les sources dans leur racine
Que la
terre nous soit rendue à tous pour fêter
le débat des langues goulues
la charge des rhinocéros
la pousse des jeunes bambous
le chant de l'humanité
Tout ce qui transforme la plainte
en mots bénis pour guérir la terre.
-
Grégory
Delcuvellerie, France (Nord), le 17 mai 2001
Insolent
tournoiement,
Cent réponses, Sans question...
Les pluriels du vide font les pas du silence.
Avant que ne s'épuise
L'ombre, de celui qu'on pense.
(Dans
l'ombre du silence)
-
Eva
Nivi, Belgique, le 16 mai 2001
Avant toi, je n'étais plus que mélancolie.
Même sous le ciel pur de la mer Intérieure,
moi je ne ressentais que grisaille et langueur.
Depuis toi le soleil est entré dans ma vie
et, comme un sortilège, ta musique m'enchante.
Le sourire de tes yeux est devenu lumière,
le timbre de ta voix est devenu eau claire.
l'amour que j'ai pour toi à chaque instant me hante,
amour inespéré bien que désespéré,
amour-joie, amour fou qui, m'ayant subjuguée,
déborde de mon coeur et réveille mon corps.
Comble d'absurdité: tu ne sais rien encore.
-
Philippe
Raillon, Vietnam, le 16 mai 2001
le poète
Il marche sur le fil
Leger de l emotion
Mais le fil est fragile
Comme les mots le sont
Entrez
dans son carrosse
Montez dans son vaisseau
Il a bien quelques bosses
Mais son rythme est si beau
Qu il n a pas son pareil
Pour carresser les mots
- Claire,
France, le 14 mai 2001
CORPS INDOMPTABLE
Douleurs:
Briques,ciments, mortiers et sables,
Pierre que votre main travaille,
Ciseaux.
Douleurs:
Fusain,sanguine,parfum d'huile,
Couleurs vibrant sous le regard,
Dernière chose que,peut-être,
Nous emporterons dans la mort.
Douleurs:
Matériaux ardents où vos pouces
Impriment leur force,leur loi,
Marques,
Ongles comblés par l'argile.
Tout
ce qui en nous se rassemble
Souffle bloqué,
Amour ancien,
Tout ce qui trouve issue soudain
Dans la beauté,corps indomptable.
-
Maria,
Québec, Canada, le 14 mai 2001
Quelle
joie à chaque fois que j'ouvre ma boite et que je peux lire
un de vos envois... C'est bien la un de mes plus doux plaisir, exquis,
que je savoure dans le secret de ma chambre. Je vais ensuite me coucher,
la tête pleine de beaux vers et de beaux mots...
J'ai 18 ans et ce n'est pas à l'école qu'on fait mon
éducation poétique, alors je glâne ca et là
des textes, des bribes, des rimes... et vos beaux envois m'apportent,
m'apprennent beaucoup et me donne faim et soif de poésie...
merci de partager avec moi et tous les autres
merci
merci et merci encore