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Marie-Gabrielle
Forgach, France, 2 juin 2001
LETTRE DU MATIN
J'ai
jeté mes yeux
Par dessus tes épaules
Et mes épaules
Par dessous tes bras
j'ai
jeté mon coeur
Par dessous ton souffle
Et mon souffle
Par dessous ton corps
J'ai
jeté des lauriers
Par dessus ma victoire
Et ta victoire
Par dessous les rosiers
J'ai
jeté mon amour
Par dessus mon amant
Et mon amant
Pas encore par la fenêtre !
Et les
oiseaux chantaient, chantaient, chantaient,
Par dessus les orties,
Sur lesquels j'avais jeté ma vertu !
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Üzeyir
Lokman Cayci, France, 2 juin 2001
ISTANBUL
Les oiseaux
de quai
Me traînent vers les mers
Comme si je courais vers les souffrances
Istanbul se tord de douleurs
Au fur et à mesure que tombent sur moi
Les solitudes sans toi...
Dans
cette ville obscure
Avec mon sang coagulé
Je déborde mes rêves
Les rues vides accentuent ton absence
Istanbul t'emmène de ville en ville...
Cette
ville si grande se verse dans mes souffrances
Les oiseaux de quai me traînent
A leurs nuits fatiguées
Et là-bas Istanbul fouille de fond en comble
La solitude sans toi.
-
Thierry
de Ravinel, France, 1er juin 2001
Murmurez
calmes collines!
Brumes évanouies
Naissez à d'autres jours.
Un étang
de nuages
Sur la ville endormie
Caressée de soleil
Et qui ne le sait pas
De grandes
montagnes
Qui se savent nécessaires
Et des sapins noircis
Tantôt oubliés là
Le clocher
un peu sombre
Lui
S'est déjà levé.
Pour jetter vers le ciel
De paisibles espoirs.
-
Marie-Louise
Coffin, France, 31 mai 2001
La terre tourne et tournera encore tant que tournera ton coeur,
Les volcans cracheront leurs bouquets de feu,
Les nuages pleureront sur la terre
Comme les anges pleurent sur les cieux.
La vie continuera se s'éteindre pour mieux renaître
Tant que tournera ton coeur
L'amour souffrira, papillon blessé, pour prendre son envol,
Ailes rouges et larmes de vent.
Le soleil brille et brillera encore tant que tournera ton coeur,
Et la lune de ton sourire n'en sera que plus belle
Et les mots glisseront sous ma plume, vides de sens
Tant que ton rire résonnera à mes oreilles.
-
David
Poudevigne, France, 31 mai 2001
La nuit.
La nuit
est monotone, elle appartient aux ombres,
Aux formes fugitives, ainsi qu'aux âmes sombres.
Le soir, le monde dort, bercé par la pâleur
De l'astre du néant, de la lune qui pleure
La nuit
tu n'es plus homme. Tu quittes ton costume.
Tu deviens un rêveur. Léger comme une plume,
Cet être s'éveille, déploie ses longues ailes
Majestueusement, il regagne le ciel
Là,
plus rien est réel, tout est imaginaire
Seul, au bon gré du flot de tes pensées, il erre...
Tu es le bienvenu dans le monde du rêve
Hélas déjà au loin lastre du jour se lève...
-
Josef
Bakou, Allemagne, 31 mai 2001
Tu seras
le tourbillon
Je ne sais si je m'accompagnerais d'une lyre
Ou si je vous le murmurerais de ma seule voix.
Les mots
naîtront dans ton ventre.
Ils s'envoleront par ta bouche.
Tu seras
le mouvement.
Tu seras
le tourbillon.
Mais
rien qu'un instant.
Veux-tu ?
-
Destin
Davidson, Haiti, 29 mai 2001
Habitacle
Je m'endors sur le bout de tes seins
Je me planque dans l'interstice de tes aisselles
Je me mets debout sur une branche de tes cheveux où
Souffle la brise lisse comme cuisse de femme
Je me noie dans la goutte d'océan au creux de tes lèvres
Je danse la valse infinie de tes démarches parallèles
Et je tiens ta main veloutée pour cueillir ensemble
La lune au cri d'un silence délicieux
Ainsi la magie de nous deux rend l'humanité fantôme
La terre est devenue déserte comme une bille dans notre
poche
-
Adri
Fab, Canada, 28 mai 2001
Le vent
la fureur
Le miroir des flots
Ne nous feront pas baisser les yeux
Une mer
Aux cheveux couleur de temps
A plus de prise sur nos coeurs
Un grand
calme
Comme à la rive de nos yeux
L'amour s'irise
Nos coeurs
se reposent dans nos mains
Dérangent amoureusement
Les cheveux du sable
Signent tous les matins.
-
Julien
Herne, Brésil, 28 mai 2001
Les mots
Maudits
soient les mots.
Dis-toi bien, marmot,
Qu'ils ne sont que maux.
Détruis
tous tes livres,
Jamais ne te livre,
Ailleurs que de vivre.
-
Michel
Birem, France, le 27 mai 2001
A
Annie et Christian
Les amis poètes.
Ils parlent
de mer parallèle
Et dun autre univers
A découvrir tout près
Les yeux fermés
Lamitié
par leurs yeux rayonne
Offrande partagée
En linstant arrêté
Et dans leurs mots
Défier
le temps qui passe et lasse
Repeindre cet espace
Morne réalité
En bleu pastel
Fabuleux
rêve à effeuiller
La porte de leur monde
Me fascine et me grise
Et je les suis
-
Jacques
Kindo, France, le 26 mai 2001
Je vois des yeux clairs derrière des lunettes noires
Je vois la pluie sauver des populations et dévaster la nature
Je vois des cris de jeunes enfants dont les parents sont riches
J'ai la crainte, l'Amour et la foi
Le sang du juste ne coulera pas
Les yeux de l'homme amoureux verront
Les jambes de l'homme qui craint marcheront !
Et alors je décide de vivre pour l'amour
Et alors j'écoute les paroles de l'homme qui craint et croit
Je me promènerais dans les champs aux blés morts
Je déambulerais dans les quartiers sombres de Londres
Je frapperai le bandit et je l'embrasserai sincèrement
Je pense à l'amour
- Ducomte,
France, le 26 mai 2001
Où
est dressée la croix.
Ils ont
levé, les condamnés, leurs poings comme des luminaires
pour les anges et pour les dieux et pour l'archange porte-glaive
comme des mots indéfinis qui s'égrénent et qui
résonnent
et qui éclatent bien plus loin que ne porte la voix des hommes.
Dans
l'argile des sens leur visage est gravé.
Ils ont
noué, les silencieux, le berceau de leurs mains prieuses,
mains de laveuses, mains posées sur les dalles et sur les têtes,
mains forgeronnes des anneaux pour les futures alliances,
phalanges crucifiées à l'un et l'autre temps.
L'amour cherche la mort, la neige et la brûlure;
vous trouverez le sphinx où est dressée la croix
et puis ces pauvres mains posées
sur le néant d'azur où s'accordent les lignes.
-
Vincenzo
Capitanucci, Italie, le 25 mai 2001
J'étais
sur le quai du port de Camogli
j'avais seulement quatorze ans
quand
tu t'es déshabillée
en me montrant ton universelle beauté
je ne savais pas que un de tes noms est
souffrance
et que
tu es une épouse fidèle.
David Poudevigne, France, le 25 mai 2001
La promenade
Allons
où rien ne bouge,
On y serait tranquille,
A lombre des toits rouges,
Le dos contre le mur, fait de glaise et dargile.
Assis
dans lherbe verte,
On respire le thym.
Mon âme me déserte,
Quand Mon souffle affole tes fins cheveux châtains...
Ecoute
avec régal
Le cri de quelque oiseau,
Le chant de la cigale,
La complainte du vent soufflant dans les roseaux ?
La chaleur
accablante
Tempêche de parler.
Tes mains toutes tremblantes
Effacent les larmes que ta joie fait perler.
Le soleil
tébloui,
Alors ferme les yeux
Ô, je ten prie, oublie
Le mal qui gâcherait cet instant si précieux !
-
Jade,
Belgique, le 24 mai 2001
J'aurai
pu te dire tellement de choses,te raconter tellement d'histoire mais
je n'ai pas pu... tu n'as pas voulu me laisser rêver, tel un
enfant qui retourne dans les bras de sa mère; tu as refermé
les tiens..; tu m'as juste ouvert la cage de mes songes, tel un oiseau
qui n'a que sa liberté pour vivre, ou dois-je dire survivre.
Adieu me fais trop de mal, au revoir !
-
Jasmin,
France, le 24 mai 2001
Même
parce qu'on doit mourir (rien n'est moins sûr)
Tout est encore possible
Tout c'est à dire peu de choses
Dans ce peu je loge un sourire, une fleur, un baiser,
la musique d'une fontaine, son regard, une nuit
étoilée, le fumet du repas, le chat de la voisine, la
voisine du chat, une maison qui s'achève, ses rideaux
tremblants doucement comme la caresse fait frémir la
cuisse, mon enfant que j'aime déjà tant, l'aube et ses
infinies féeries, l'aube pointant de justesse dans les
prisons sans fenêtres, l'eau dont nous sommes
constitués dans laquelle nage nos rêves, le vertige du
sang en présence de l'être qui participe
essentiellement à la bonne marche de son coeur
Justement parce qu'on doit mourir (devoir dont on est
le seul maître)
Tout est possible
Possible c'est à dire tout est là
Reste à choisir
Son ennemi, son ami, l'illusion la plus tenace de
l'amour, plus folle que soi, l'amour comme dernier mot
avant, pendant, après, le reconnaître, l'écouter,
acquieser si on est d'accord, se rendre pour le
plus grand bonheur de vivre, pour faire tourner le
monde, et prêter main forte à l'univers du bord de sa
rivière coulant tantôt paisible tantôt tempêtueuse
tandis que chaque jour est à refaire, à deux, ensemble
tout est possible
Surtout parce qu'on doit mourir (demain mais
aujourd'hui vivre)