- Ange
Bradd, France, le 12 juillet 2001
Messieurs,
Voilà que nous allons finir la troisième semaine avec
les mêmes sélections de votre comité de lecture!
Chaque semaine, le mardi de préférence, je consulte
vos choix. Hélas! Rien ne bouge ! Cela me remet en mémoire
ce vers de JMHEREDIA. "Et tout dort, et l'armée, et les
vents, et la nuit!" Je suppose que je ne suis pas le seul à
espérer.
S'il vous plait ! Un bon mouvement !
-
Juliette,
France, le 12 juillet 2001
Les soirs
de froid
les soirs de ville
Nous sommes pendus a nos fenetres
Nous sommes pendus à nos raisons
Nos yeux billes de verres
Fixent l'inexistant horizon:
On a laché les fils de nos vies.
Nous, pauvres marionettes
Pendus a nos espoirs
Cherchons toujours ce magique mirroir
Et son reflet d'infinie liberté
Dans des corps de pantins
Dans des corps morts et las
Pendus aux fenetres
Les soirs de ville
Les soirs de froid.
-
Can
Togay, Hongrie, le 9 juillet 2001
MALINA
Voilá
quautour de moi les anges
perdent leurs ailles, et quils me portent,
comme on porte des malades,
comme on les porte au ciel.
Et voilá
que dans un an ou deux
je reviens aux memes endroits,
pour confondre les lieux, les temps,
et pour confondre toi et moi.
- Thierry
de RAVINEL, France, le 8 juillet 2001
Entrée
de service
Tu restes
au seuil
Patiemment insupportable
Comme un grenadier sans fusil
Un facteur s'excusant d'avoir perdu la lettre
Fiancé égaré
Derrière ses excuses
Tu pourrais
bien offrir
Quelque boite de je ne sais quoi
T'auras du mal
Gamin
Pourtant
des fois
Il pousse des fleurs
Entre les pavés
Pas loin
D'un petit chez soi
-
Benjamin
Descartes, France, le 3 juillet 2001
Combien
de vides faut-il sentir
Combien de doutes faut-il cacher
Combien d'aveux doit-on cracher
Pour remplir le creux de nos yeux
De ce liquide, poison amer
Qui désaimante les plus aimants
Et d'un château laisse une ruine
Combien de crise à déchirer
Combien de coeur à opérer
Pour gravir enfin cette montagne
Ce roc qui nous ravine l'âme
Et nous écrase de son présage
Pour qu'enfin s'ouvre à nos sens
A nos yeux remplit de souffrance
Une plaine riche et infinie
Où les nuages n'ont pas d'appui
Et le soleil sèche nos visages.
- Clémence
Loonis , le 3 juillet 2001
JE VAIS
AVOUER
Cette
nuit
entre les souvenirs tumultueux
je vais avouer.
Sur ce chemin de murmures
où il sera nécessaire que tu cries
aussi pour moi.
Je vais avouer.
Les craintes
ne clouent pas les lumières
la frénésie est passagère
et jétire mes désirs dans lattente
de quelque tragédie inavouable.
Jai
abandonné les angles du passé
pour te regarder de plus près.
Une passion me traque
et je ne peux pas continuer à distribuer des bruits.
Nue comme une princesse préparée
dans la sinistre obscurité de tes mains.
Aujourdhui
je vais avouer :
Une passion me traque
je cherche la page
jépèle coup sur coup
le lieu
défendant chaque interstice de ta peau.
On ne
peut pas arriver en retard à la passion
la parole nattend pas.
Le rêve
les plis de ce murmure
sont des fragments où je cherche
une autre passion.
- Marie-Agnès
Roch, FRANCE, le 03 juillet 2001
Saisons
Femme naissante
à laube du printemps,
bercée de lillusion
détre la seule au monde,
pour celui qui ce matin
vous a tenu promesse,
femme brulante,
dans la chaleur dété,
vous relevez vos jupes
pour écarter le doute,
et vos genoux ouverts
appellent tous les désirs.
Femme
brumeuse,
dans lautomne encore doux,
vos illusions jaunies
vous rendent infidéle
à celui qui revient
vétu de mille parfums.
Femme
de lhiver,
quand vos petites filles
caresseront votre main
posée sur vos genoux
fermés et fatigués,
surtout ne dites rien.
- Taleb-Hacine,
Algérie, le 30 juillet 2001
Les flammes
de ce feu qui te consume grondent,
et lointaine, une clameur sourde...
Des hommes, le regard oblique, la droiture courbe et le verbe haut
se moquent du poète; cette ombre qui s'habille de mots !
Poète ! Ami des muses, compagnon des dieux
que d'horizons inexplorés dans l'abîme de tes yeux !
Un mot, à peine un murmure, peu s'en faut un souffle
et fille de cette poussière d'étoiles
au rendez-vous sans cesse manqué,
la braise qui t'anime ôte ses habits cendrés,
que brûle alors l'âtre et que crépitent les mots,
oui, qu'ils crépitent !
Que gémisse, dans sa solitude, l'âme du poéte
!
Que les flammes s'élévent aux cieux !
Que la lumière se tresse de mille feux !
Que périssent le vice, la décrépitude, le mensonge
et l'infamie !
Que triomphe la vertu et que vive la poésie !
- Maud
PERRENX, FRANCE, le 29 juillet 2001
Vers
l'oiseau aux quarante diamants
C'est
vers l'équinoxe d'automne
Ce paraît au sommet de l'arbre
Un oiseau blanc
Un oiseau blanc
Il porte quatre plumes
Ce sont
les plumes qui mettront
Quarante jours à devenir
Quarante diamants
Ce sont les larmes de l'oiseau
Une femme le chante
Les larmes
recèlent la vie
C'est la dame du bois
La mendiante desséchée
La blanche fiancée des géants de la nuit
C'est
la fiancée qui le dit
C'est la fiancée qui l'écrit aussi
Sur les ailes des phénix
Qui dit l'histoire de l'enfant né sans talon
L'histoire
muette de l'Oiseleur
Qui oblige les filles
A tisser pour lui
L'histoire de l'Ogre qui bat au marteau
L'ogresse qui brûle sa peau
Elle
écrit
Et parfois s'endort
Vers le jeune soleil
Et vers le jeune amant
Vers l'oiseau
Aux quarante diamants.