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Jean-Pierre
Deville, Chemin de la Pétugue, le 27 janvier 2002
Nos montures
étaient devenues silencieuses. Nous traversions la lande froide
sans croiser la lumière dun regard. On devinait pourtant
des villages aux portes closes, sans fumée, leurs toitures
de chaume gris. Des humains nous guettaient sûrement derrière
des palissades. Cétaient ceux-là même qui
nous avaient choisis pour le temps des semailles. Sans nous rien dire,
ils avaient, en fin de saison, la nuit, coupé les blés
quils avaient laissés à même le sol, jonché
de ronces et dherbes folles. Tout nous est fugace, nous le savions,
en franchissant le dernier pont dans un bruit sourd. Nous étions
des travaux accomplis. Notre fierté. Il restait, sur nos habits,
ce parfum de paille, éphémère et sec comme le
feu.
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L'Estranger,
exactement là où je suis, le 27 janvier 2002
On aura beau galvauder la beauté
Sous les jupes des demoiselles qui se font payer pour être belle
(vous pouvez regarder, mais pas toucher !)
ca n'empêche, les gracieuses rondeur qui sont vous
qui sont au moins un peu de vous
suggèrent la paix.
Bon thé, beau thé
Merci à Celui qui a tout inventé !
et surtout la beauté
En dépit des pièces de monnaies qui ne sont pas belles
et des corps qui traversent le temps en s'amenuisant
Dans le temps qui passe, tout est à son heure
Votre beauté qui offre sa chaleur
Loin des papiers glacés des pages de publicité.
La beauté d'un sein pour la tendresse d'une main
Les pieds nus dans votre palais des mille et une nuit
Que je peux presque compter sur vos doigts de pieds.
Ca nous importe d'avoir des âmes qui scintillent
De ne pas courir dans la vie comme un chien dans un jeu de quilles
ca nous importe aussi de dire merci
Quand la beauté nous est donnée.
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Jean-Pierre
PAULHAC , FRANCE (Orléans), le 27 janvier 2002
PHENIX
"Mon
amour à la semblance
Du beau phénix sil meurt le soir
Le matin voit sa renaissance"
G. Apolllinaire
Ce miracle ailé qui surfe sur lhorizon
Voilier de plumes décapitant les nuages
Qui frôle le col ouvert dun soleil en nage
Cest le feu et le flot qui soufflent ma raison
Cest
le bûcher mystique où séteint une sainte
Ce sont ces déserts dénigrés par le déluge
Et fécondés par des pluies que les larmes grugent
Quand labsence se mirait nue sur mon absinthe
Quel
aimable vautour voudrait-il dévorer
Les lambeaux ivres de mon cur évaporé ?
Je suis devant lévidence dune promesse
Les parfums
de la nuit soffrent sur ce lit neuf
Parmi les cendres dun oubli à jamais veuf
Naît le Phénix miraculeux de tes caresses
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Raphaël
Cohen, le 27 janvier 2002
Honte à toi, qui parles d'amour
Ne te
compromets pas avec tous ces horribles et cruels, qui n'eurent jamais
que l'amour à la bouche.
Ne laisse
pas l'incantation s'emparer de toi, d'autant plus que tu n'es pas
vraiment capable de ces sentiments élevés que tu prétends
éprouver.
Comme
ces esclaves qui ne savent que parler de liberté, et l'âme
en cul de ver-à-soie, qui subissent passivement leur pauvre
vie insignifiante, en déclarant que <<l'essentiel, c'est
d'être soi-même>>.
Ne te
laisse pas emprisonner, avec tous ces assassins, en déclarant
que tu es un être estimable, avec la vantardise : <<je
suis en règle avec ma conscience>>, ce qui marque bien
que tu n'en as aucune.
Ne fais
pas comme si tu savais, tu avais appris, avec le simple bluff qui
se sert de quelques notions vaguement et hâtivement acquises,
pour impressionner ceux à qui tu veux faire croire que tu es
cultivé.
Ne parle
pas amour comme les prostituées qui le font, contrefont l'essentiel
de la vie pour soulager des êtres seuls, proches du désespoir
et de l'insignifiance.
Comme
les êtres de religion, qui en sont complètement incapables,
avec leur Dieu obscène et cruel en guise de pénis.
Oui,
il est leur alliance...
Procession
du phallus avec jeunes filles nues en fleur, le long de tous les traités
de théologie...
Moins
tu parles d'amour, et plus tu es capable d'un sourire intérieur.
Ne cherche
à tromper personne : c'est tellement facile...
Ne te
dupe pas, toi qui détruis ta vie dans la dérisoire répétition
de mots liés à des qualités qui te sont tellement
étrangères.
Qui te
font si douloureusement défaut.
Laisse
à leur place les philosophes desséchés.
Les mystiques
sans émotion.
Les érudits
sans sérieux.
Les affirmateurs
péremptoires, qui ne connaissent pas même leur nom.
Ne te
trouve pas en compagnie de ces passions interchangeables des corps
qui se défoulent et se purgent, en osant appeler cela... l'amour.
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Pascal
Agneray, France, le 27 janvier 2002
LA BEAUTE
Est-elle
une clé que lon fait jouer dans une serrure ?
Une clé qui sest jouée de tant de nos serrures
nous faisant accroire au bonheur ?
Des fois que nos portes grincent vers dautres lieux que le malheur
?
La clé
dans la serrure, vivons-nous lillusion quen grand la porte
souvre ?
Car parmi
les clés cliquetant des poches ouvertes dun Dieu sourd,
Une seule aurait fait ma vie sonnante et calme mon bonheur.
Et je
la cherche en vain depuis la nuit des temps sur ma guitare.
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Eufemia
Pursche, Allemagne, le 27 janvier 2002
Questions
à Papi
Est-que
les étoiles tombent ?
A qui appartient la pluie ?
Est-ce que les vagues se noient ?
Est-ce que tu étais un enfant ?
Est-ce
que les fleurs savent dormir ?
Est-ce que la lune est un homme ?
Est-ce quon attache au port
Aussi leau et vents forts ?
Est-ce
que jaurai des soucis ?
Est-ce que Dieu nous regarde ?
Est-ce quil est loin jusquà demain ?
Est-que tu moffres un chocolat ?
Est-ce
quon peut dessiner lamour ?
Est-ce quil y a de la neige colorée ?
Comment est-ce quon raconte les chiffres ?
Est-ce que les peines font mal ?
Est-ce
que tu ne sais plus décrire un poème ?
Est-ce que bientôt jaurai grandie ?
Est-ce que alors je naurai plus besoin de toi ?
Papi, pourquoi est-ce que tu pleures ?
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Cyril
Berthault-jacquier, bruxelles / belgique, le 25 janvier 2002
Les peupliers
du square Louis Hap, de leurs sommets courbés vers le Nord,
caressent du bout des feuilles les gris nuages. Le vent irrégulier
impose aux arbres une danse douce, une ondulation ample, un frémissement
léger.
Les peupliers
du square Louis Hap défient les orages menaçant des
fins de journées de printemps. Ils ne redoutent pas le lointain
grondement. Je sais qu'à l'heure venue, ils sauront parler
au suroît mauvais.
La pluie,
fidèle alliée de la nuit est arrivée. Grand bleu
frêle du matin sur les maisons de briques.
Les peupliers du square Louis Hap sourient au très haut. La
brise légère taquine les cimes fières. La danse
recommence; ce bal n'a pas de fin. Le temps dominical donné
est suspendu.
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Pascal
Quero, France, le 25 janvier 2002
Inspir
Pour commencer, j'ai pris la plume,
Et les vents se sont arrêtés.
Plus de fièvre, aucune inquiétude,
Même les phrases écoutaient les blés.
Si la
page s'est animée,
C'est mon sang qui l'avait guidée.
Un peu d'envie d'être poème,
Beaucoup de temps pour se former.
Les feuilles
dansent ou chantent à l'aube.
Le réveil, c'est pour les voler.
Il n'y a plus de consigne à ma table,
Plus de modèle à recopier.
Avant
que j'ai posté la lettre,
Un facteur était arrivé.
Son vrai rôle, garde-champêtre,
Etait d'apporter la journée.
Alors
j'ai pris l'air qui m'entoure,
Mon regard, et j'ai tout posé:
La voix, les mains, sur la fenêtre,
Avec mes rêves, et j'ai parlé.
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Jean-Luc
Vander goten, Belgique, le 23 janvier 2002
un nimbus,
cumulus,
haute dépression
tourbillon infini
du vent de poussières glacées
le souffle
sec comme un baiser
porte le givre silencieux sur les pierres
et au creux des dunes rouges
le frisson de l'hiver
il est
loin ce soleil
si petit aux doigts de rose
vois-tu
le halo violet du soir
sur le cratère, le canyon
le fleuve fane des millénaires d'absence
gronde
au murmure tellurique
le fracas du fer
loin de ce point périphérique
du système
solaire
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Isabelle
Bertels, Belgique, le 23 janvier 2002
l'amour.
L'amour
est une fleur précieuse qui se cultive avec soin,
peut-être reussiront nous a faire un joli bouquet.
le temps qui passe.
le temps vient et s'en va,
quand une heure arrive,
aussitôt elle s'en va,
mais bien vite,
elle reviendra,
le temps
vient et s'en va,
le temps on ne l'arrête pas,
le temps passe vite ou lentement,
certains sont pressés par le temps,
d'autre le regardent passer,
sans s'en soucier,
le temps
vient et s'en va,
le temps jamais on ne l'arrêtera.
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LHAMDOUNI
ABDESSELAM, MAROC, le 22 janvier 2002
Mon enfance
Mon enfance , ce fut sous un dôme de verdure .
Lombre et la pénombre nalternaient point . Et leau
et le soleil sembrassaient à fond . Des visages jaunes
se délectaient de la saveur dun cadavre exhumé
. Et les tourterelles sur les mulets souriaient à la vue dun
nègre nu qui se baignait .
Mon enfance, ce fut sous un temple de feuillages .
Mon père blanc shabillait en peau de chèvre .
Ma voisine toute brune discutait chaleureusement avec des bêtes
indociles . Ma cousine blonde avait toujours affaire avec des poisson-volants
(Elle disait que ce sont ses petites soeurs). Mon grand frère
escaladait souvent les cocotiers ( Il ne cessait de répéter
que ce sont ses amis les plus intimes )
Mon enfanc , ce fut sous une voûte dherbage .
Le soir, quand je me couchais, les mains rouges de ma belle-mère
me cajolaient , me soignaient des piqûres des épines
dhérissons et mendormaient dans la vallée
douce de ses deux grappes qui ruisselaient . Et mon perroquet me disait
: << bonne nuit mon copain >> . Ensuite jai fait
ce songe : le chat et la taupe fêtaient leurs fiançailles
sous les hurlements des chiennes enragées . Le Petit-Poucet
et les siens célébraient leurs retrouvailles sous les
applaudissements des insectes nocturnes. Joseph et ses frères
jouaient à cache- cache . Et le loup et la brebis étaient
presque de même espèce . La chamelle allaitait lourson
blanc ; la crocodile endossait des chevreaux orphelins qui traversaient
la rivière et le cheval faisait la sieste avec les vampires
. La chêne et le roseau se soutenaient , la cigale et la fourmi
sentraidaient et les marins consolaient lalbatros déchu
.
Mon enfance , ce fut sous les bras tendres de ma belle-mère.