- SCHAEFFER
Edith, France - Lyon, le 05 janvier 2003
Petite
plume
Volette dans les airs,
Poussée par le vent.
Passe au-dessus des maisons,
Au-dessus des lacs,
Et des forêts.
Sattarde sur le toit dune chapelle,
Frôle la cime des grands arbres,
Survole une prairie,
Puis passe par-dessus un champ
Où tu es allongé à rêver.
Elle
vient enfin se poser sur ton épaule.
Tu la prends dans ta main,
Tu la tiens entre tes doigts
Pour quelle ne senvole plus.
Mais pas trop fort pour ne pas létouffer.
Petite
plume se transforme en
moi
Nichée au creux de ton cou,
Ta main sur mon épaule.
Je rêvasse, moi, à la petite plume que jétais
Et à la femme que je suis devenue
- Claude,
Brésil, le 05 janvier 2003
Dors
mon enfant dors...
Un voile de larmes maveugle, et em moi, au plus profond, je
me vois pleurer sur mon pauvre sort humain. Une fois encore la musique
memporte, je ne sais plus exactement, mais je suis bien loin
dans le temps, peut-être quelques millions dannées,
les molécules de mon corps dissout flottent dans lunivers.
Me voici devenue une conscience diffuse, de lá je puis voir
ma mère et mon père, ils sont toujours ensemble, rien
na pu les séparés, pas même ce grand voyage
qui se perd dans le temps. Je contemple ce temps réduit ici
en linstant, je revois ma mère dans sa petite cuisine,
préparant des gâteaux, et moi gourmant qui léchait
la casserole. Ah! lenfant que jétais, comme le
temps fuit sans appel, brutalement, sans pitié et sans compassion
pour les pauvres humains, broyés dans la machine du temps.
Et cette vie qui se nourrit affamée de la mort! Si au moins
je pouvais mendormir dun sommeil de pierre pour ne plus
souffrir de la morsure des horloges qui sonnent dans tout lunivers,
et raisonnent dans mon âme aujourdhui dissoute. Oui, ainsi
je pourrais oublier un instant que le monde existe, quil est
lá et quil mattend, avec sa grande cloche qui sonne
la fin des temps. Mais je revois ma mère, maintenant elle a
ce sourire qui arrête toutes les horloges, et qui redonne à
mon âme le corps qui sétait dissous... Oui je vois
ses mains blanches qui carressaient doucement ma chevelure blonde
en chantant « dors mon enfant dors, maman est là mon
petit ».
- El
assad Abdelkrim, Maroc, le 05 janvier 2003
ACROSTICHE
A DOSTOÏEVSKI
Ce crime
effrayant,sur la vieille usurière,
Réveilla la conscience endormi au perchoir;
Instaurant le combat dans l'âme meurtrière,
Mise à rude épreuve d'avouer ou de choir
En deux
jours la chute atteint les fondements,
Entraînant en Enfer l'âme veule et coupable,
Torturant tout le corps de violents tremblements.
C'est le grand délire,confesseur et pénible.
Hanté
par des visions,il voit voler son âme,
Au delà du réel,dans un monde de monstres,
Terrifiants, qui le noient dans le sang de son drame,
Immonde, où le Remords rend ses jours plus sinistres.
Mais
au Purgatoire,Rodia vit sa douleur,
Et rampe sur un long parcours Expiatoire
Navré extrêmement, de voir à l'exterieur,
Tant de grands criminels sévir sans moratoire.
- Courpiade
Arlette, France Marmande 47, le 04 janvier 2003
30 décembre
2002
Poème de lan trois
Le temps
fit la rose, la rose fit lamour.
La femme fit lenfant pour émerveiller ses jours.
La rose mit les saisons pour tisser son velours.
La femme fit les moissons pour tracer son parcours.
Lenfant
fit le bonheur de la mère
En lui offrant lamour dans la rose.
Et lhomme dans cette histoire
Fut-il, Acteur ou Spectateur ?
Lhomme
à tous deux les aima
Sans limite et avec passion.
Lhomme à tous deux les aima
Et les protégea avec raison.
- Youssef,
Tunisie, le 03 janvier 2003
Je souhaite
du bonheur
Aux amis des fleurs
Je prie pour qu'en 2003
L'arbre devienne roi
Pour que l'homme soit mûr
Pour qu'il protége la nature
Car la terre est son futur
Pour que les armes se taisent
car les femmes me plaisent
Et que les guerriers se taisent
ou se jettent du haut des falaises
Pour que sur terre régne la paix
Et qu'on jette les épées
Pour qu'on sème des rosiers
par centaines de milliers
pour les hommes de bonne volonté
- Michel
Martin, France, le 01 janvier 2003
L'année
nouvelle
La planète a basculé
Sans dire un mot à personne,
Dans la nuit, sous les applaudissements des étoiles.
L'année
défunte
Qui s'accrochait à mon manteau
Me suppliait: reste avec moi,
Rappelle-toi les bons moments
Qu'ensemble nous avons passé,
Les riches saisons que je t'ai données
Et comme chaque année
Depuis deux mille ans
Un enfant nouveau pour éclairer le Monde.
Certes,
je n'ai pas toujours été
Assez vigilante, j'ai même laissé passer
Çà et là quelques massacres, des morts évitables,
Des injustices. Le regret de l'inaccompli
M'est un fardeau et le remords
A troublé plus d'une nuit.
Pourtant je n'ai pas été si mauvaise
Et je suis accablée de peine
A laisser filer mon héritage à cette inconnue
Qui déjà t'entraîne par la main.
Je n'ai
pas écouté ce chant de sirène.
Résolument je lui ai tourné le dos
Et j'ai posé, confiant, mes premiers pas
Sur le nouveau calendrier.
- HAMADI,
FRANCE ALGERIE, le 01 janvier 2003
LES CHEMINS
DE L'EXIL
Il était là l'accordéoniste;
Assis au coin d'une rue,
Le regard éteint,l'âme fataliste,
Vendant sa misère au premier venu.
Et moi, debout en face de lui,
Je le regardais arracher à son instrument,
De longs sanglots qui dénudaient ma nuit,
Faisant jaillir à la lumière mes tourments.
Soudain au fond de mes prunelles se mit à danser,
Une petite fille habillée en rose et en blanc,
Et tout autour de moi l'air fut encencé,
Par l'odeur de la petite Nour, mon enfant.
Mais je savais que ce n'était qu'une illusion,
Et qu'en ce moment même, elle expliquait tendrement;
Assise dans un petit coin de notre maison,
a son grand frère tout en l'enlaçant amoureusement.
Que papa allait bientôt rentrer,
Ce papa parti au loin depuis longtemps
Et qu'il ne devrait plus pleurer,
Du moins pas toujours,mais de temps en temps.
Maudits chemins de l'exil sur lequels je traine ma vie,
Loin de mes enfants qui rêvent à mon retour.
Maudite solitude dans laquelle je vis,
Loin de leurs petites caresses et de leur amour.
-
Grangier
Antoine, France, le 31 décembre 2002
Nous
sommes fous
Nous
crierons au pied des montagnes
Alors l'écho criera ton nom
Et jusqu'au royaume d'Espagne
Tous les autres fous l'entendront
Nous
crierons au pied des montagnes
Avec un rien pour horizon
Nous aurons la voix de la hargne
Contre le monde et ses prisons
Car nous
sommes fous
Car nous sommes deux
Car nous sommes soûls
D'un amour de feu
Nous
marcherons dans le désert
Touaregs de l'amour du vide
Ce sera demain ou hier
Remplis d'enfance ou bien de rides
Nous
marcherons dans le désert
Partageant nos deux solitudes
Qu'elle vienne l'eau de la mer
Noyer nos dernières habitudes
Car nous
sommes fous
Car nous sommes deux
Car nous sommes soûls
D'un amour heureux
Nous
piétinerons cette foule
Nous survolerons les crachats
Et nous serons le vent qui roule
Pour une vie d'anonymat
Nous
piétinerons cette foule
Nous survolerons le bonheur
C'est loin de lui que se déroule
La vie l'amour et notre ailleurs
Car nous
sommes fous
Car nous sommes deux
Car nous sommes soûls
Car je t'aime un peu
-
Emmanuelle,
France, le 31 décembre 2002
A toi
Minutes
instants les yeux se parlent
Hasard du temps, de Dieu, de l'heure
J'aime ce moment volé au ciel
Quand l'amour est, les buées s'élaguent,
Les ambres, les airs, les faux, l'errance
Règnent en maître dans l'autre monde
Un au-delà s'attarde sans voix
A toi, à moi s'attardera
- a a
aaaa atchoum !, , le 30 décembre 2002
Cycles de la déroute et le soleil toujours
explose au fond des pluies lactescences astrales
O souffles
incompétents qui dansez sur léchine
de celle qui mattend inquiète ô trop inquiète
Au ravin
de la chair jagrippe des épines
je sonde la surface effleure le profond
je dérobe à lobscur des lambeaux de sa nuit
jagonise à ton nom et perfide jespère
écouler tout mon sang vers le fleuve indolent
Je déclame
et arrime à toute âme sa rime
la discorde épanouie sinue entre mes voix
mes idées sont fouillis les dieux sont innombrables
toute quête est ainsi vouée au grand échec
si son but est atteint son désir est éteint
ne Rien trouver voilà lorient du pèlerin
Derrière
la magie de lamour cest la nuit
Leïla
Dans
mon cur ravagé cest la pluie et le vent
les caresses de givre et les baisers de glace
- MAZEYRAT,
FRANCE, le 29 décembre 2002
Tu viens
passer auprès
de moi
une nuit criblée de neige ;
la neige ce sont les
étoiles qui tombent
du ciel en flocons
blancs et cotonneux,
elle se fond dans la nuit
et la nuit nest plus noire
mais grise
et ton il nest plus
noir
mais vert,
et nous hurlons à la mort
comme des loups
Pirogue lisse
qui glisse
au gré des flots
bientôt surgiront
sur tes eaux étales
les pétales
insaisissables
de tes seins de femme
tes seins de marin
couleront à la surface des flots
la mer baisera tes joues
en de multiples baisers de nectar
et de tulipes folles
- Karim
Guez Guez, France, le 29 décembre 2002
Par le
plectre & vaisseau qui penche,
Par l'aube, l'or, le chant du coq,
Reçois Babel au dieu Moloch
-Orgueil, mortier & bruits de banche-
D'une
hauteur qui n?est plus blanche
L'éclair noir, les dantesques chocs !
Qu'entre épars & vétustes blocs
Croissent l'adoxe, l'orobanche !
Par le
sel, les mers, le fracas,
Par les noroîts, les feux des neiges,
Les champs, épis, bouviers, micas,
Croulez
étages sacrilèges !
Chutez ! tombez ! vous tous à bas !
Hommes mauvais, tendeurs de pièges.
-
Marc
Gilbertas, France, le 27 décembre 2002
Newton a toujours raison.
- Et
si, moi, je ne veux pas tomber ?
Et si jétais bien en lair, suspendue entre la force
de larbre et le chant du vent ?
Et si je laimais, moi, ce petit bout de monde vu den haut
?
Pourquoi ce serait si terrible que je vive entre lherbe et les
étoiles ?
Et si je ne veux pas devenir rouge et servir de mère à
des asticots ingrats ?
Et si le temps se figeait, comme ça,gratuitement, juste pour
moi ?
- On
ne ta rien demandé petite pomme, tombe et tais toi.
-
Jean-Marc
La frenière, Québec, le 27 décembre 2002
POUR
LE MONDE SANS VOIX
Je ne suis pas couleur dusine,
Bruit de moteur, billet de banque.
Je ne suis quune phrase
Qui apprend lalphabet,
Le bec dun oiseau
Qui ne sait pas voler
Mais gratte sur le sol
Le ciel des racines.
Je suis
linnocent du village
Qui ne réfléchit pas
Mais fléchit comme une plante.
Je nai pas de verres fumés
Pour boire dans mes larmes.
Je ne cache pas mes yeux
Pour rire dans ma barbe.
Je ne pleure pas sur moi
Mais le monde où je vis.
Pour
le monde sans voix
Je laisse des ruisseaux
Courir dans la marge.
Je dessine des signes,
Des appels aux aguets,
Des pas sur la rosée,
La poussière et la boue,
Des fenêtres dimages
Dans la chambre des yeux,
Des nuages dabeilles
Qui se mêlent aux fleurs,
Des fougères dans la tête,
Une besace de lumière
Sur le dos gris des ombres
Et les poils du vent
Sur la peau du voyage.
Je laisse derrière moi
Des mots volés au cur.
Je cherche dans la nuit
Une image de nous
Moins éphémère que lheure.
Un jour
ou lautre
Il faudra bien parler
La langue des étoiles,
Le charabia des ronces,
Habiller de lumière
Le patois des misères.
Je viens
des illettrés,
Des muets, des perdants.
Comme eux je reste libre
Face au néant des montres.
Je participe au vent,
Aux couleurs, aux oiseaux.
La sève des racines
Ne classe pas le bois
En table ou en potence.
Cest le cur de lhomme
Qui choisit sa pitance.
Je nai
jamais choisi
Entre larbre et la graine.
Jai traversé la vie
Sans y mettre de prix.
Entre les meubles de lespoir
Et les murs de lennui
Jai laissé de la place
Pour les mots les plus vrais.
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