- Ninog
Loki, FRANCE. Saint-Malo, le 19 janvier 2003
Au hasard
des mots va l'humeur vagabonde
qui se penche sur des rêves impérieux
Ta pensée est maladive
Ton manteau se fait vieux
A présent tout est banal
Rien ne vaut plus rien
Demain, je serais chacal
carcasse fleurie qui ne vaut rien
Que me reste t-il, que je m'en débarasse
Poupées jolies aux yeux brisés
Coupons de métro usagés
Désormais tout m'agace
Je demeure seule et inchangée
Au hasard
des rencontres, des silhouettes diaphanes
se mêlent aux badauds jouflus
Cà sent l'hiver, le train de sept heures
le vin chaud et la rue
La ville se pare de bleu, les corps de noir
Au loin je guette, j'attends que l'occasion se prête
toujours en vain. Ett-il trop tard?
C'est
l'heure où les réverbères s'allument
grâcieuses girafes métalliques tintant dans le vent
sur leurs têtes ironiques se reflète la lune
cantatrice muette dans mon cadran
Je ne compte plus le temps
ma patience est sans limite
Je n'inspire plus rien aux passants
et n'inspire plus rien à la ville
Les néons s'éteignent doucement
Adieu mes ombres dociles
Au hasard
de nos vies
si un jour l'on arrive à se comprendre
au hasard du rivage qui nous relie
Nous serions amis et tendres
Et si.
-
Berthelin
Michel, France, le 19 janvier 2003
C'est une aube improbable
Où les terres embrumées
Se font
infinies
Sous le manteau de grisaille
De l'hiver cruel.
-
Claude,
Brésil, le 18 janvier 2003
Le Réel...
Le passé, argil qui sculpte le présent,
Le futur en sera sa forme achevée,
Ainsi se conjugue la réalité,
Elle est le passé déjà présent...
Comme la petite graine qui dort
Dans cette terre fertile,
Ce moment est réel car je suis,
Mais le réel me jette en avant,
Moi je suis un laboureur
Qui pousse sa charrue
Pour construire le présent,
Et mes larmes et ma sueur
Fertilise largil
Doú surgira le futur,
Qui est déjà présent,
Oui, le réel est une petite graine !
Dis-moi doú vient cette graine ?
Dis-moi qui la plante ?
Dis- moi sur quelle terre ?
Alors je te dirais
De quoi sera fait ce réel...
Le réel comme la petite graine
Est un devenir sur lequel
Souffle lésprit,
La nature fait son oeuvre,
Pour nous la récolte,
Mais pour quelle sengrange
Il nous faut voir ce qui est...
-
Esma
Maamouri Ghrib, Tunisie, le 18 janvier 2003
Sons
de cloches enrouées dune église assiégée
Jets de pierres denfants en colère
Curs brisés de mères emportées par la douleur
Jets dobus, bombes et fusées
Terres violées dune ville millénaire
Qui enterre toutes les heures
Ses innocents emportés par la foudre
De sanguinaires assoiffés.
-
Maël
Stéphant, France, le 18 janvier 2003
Domaine
qui se forme,
Horizon qui se ferme,
Et vagues qui se fanent.
Qu'une seule s'endorme
Et se meurt à son terme,
Et le monde, profane,
Ne sera plus que ruine.
Le Domaine vaincra,
L'Horizon se perdra,
Les vagues seront bruine.
Roses les matins clairs
Ni savoureux, ni laids:
Barrés par les volets.
Moi je voudrais refaire
Ce chemin qui s'emballe
Au fin fond continu.
Détresse parallèle,
Courte vie cannibale.
Le ciel au jour ténu
Est comme un regard d'elle...
-
Youssef,
Tunisie, le 17 janvier 2003
Une jounée
banale
quand
se léve le jour
j'éteins mon abat-jour
Abat le jour, abat la nuit
C'est que commence l'ennui
Je vais à mon travail
passer une journée banale
On me presse comme une orange
Ce n'est pas très étrange
L'homme est un loup pour l'homme
Eve lui a fait croquer la pomme
Miroirs devant toi et couteaux dans le dos
Les autres sont presque tous des salauds
Et quand ma banale journée s'achéve
Je peux commencer mon rêve
Je lis, j'écris sans treve
Les loups se sont endormis
Moi j'embrasse ma petite amie
Qui n'est autre que la poésie
-
Alain
Girard, France, le 17 janvier 2003
Aube de rose
Il fait
chaud quelque part là-bas
où rien na vraiment dimportance,
où rien vraiment ne se débat
dans la souffrance ;
Il fait
de petites lueurs,
des entrevues incognito
ainsi quau gré des jours sans heures
tout ne soit tôt,
ni trop
tard
non plus déguisé,
où rien névoque quelque chose,
ce pas quil eut fallu oser
daube de rose ;
Il fait
chaud quelque part là-bas
où jirais bien me reposer,
quelque par en cet au-delà -
pour tout oser.
-
Buko,
, le 16 janvier 2003
On peut
porter des masques
assortis aux trottoirs
aux écumes
aux couloirs.
On peut plaire à l' instant
sur des moments perdus
et se chercher les poux
en gueulant c'est bizarre
Quil ny ait pas de marque..
On peut
prendre un chemin
sur un cheval de troie
une fleur effeuillée
un jardin miniature
et suivre une ombre floue
Qui n'est que son nombril
en se cassant la gueule
sur celle du voisin.
On peut
faire semblant
de chercher des indices
remonter dans le temps
Comme on remonte un slip
en faisant l'élastique
et diluer les mots
dans un phrasé de sexe
A vider les instincts.
On écarte,
on allonge, on évite
on range à tour de bras,
on dépouille , on repose, on s'installe
dans un tiroir opaque.
De deux bouts de ficelle,
Faire un soyeux mélange
Et finir par y croire,
à ce «moi» de hasards.
-
Monique
JAUME-GOURLAOUEN, France, le 14 janvier 2003
PLEINS
POUVOIRS
Retenir
le souffle de l'agonisant
Empêcher le viol dune âme d'enfant
Et savoir se taire quand chate le vent
Refermer
les plaies qui saignent à blanc
Dompter les colères, chasser les chagrins
Et faire que vivent les rêves d'enfant
Eteindre
la haine qui brise les coeurs
Vider les prisons, ouvrir les volières
Redonner au monde le coeur d'un enfant
-
Le
marchand d'âme est passé, Limoges, Québec , le
13 janvier 2003
Elle
bouge, son corp se déplace en secousses lentes, puis, vaguant
le vide elle s'ouvre, ses airs se dévoilent et j'aspire à
tenter ma chance, j'y suis, j'entre, du moins je tente de me frayer
le chemin, mon corp suit le sien, mes doigts sembles s'élancer
vers elle, et je caresse l'espoir de la vénérée,
somptueuse et délicieuse beauté, ton allure m'ennivre
et je suis à tes pieds alors laisse moi regarder encore un
peu ce merveilleux déluge, cette immense et mesurée
vision.
-
Raphael
Antonin, , le 12 janvier 2003
Les parcelles
de corps
Ce sont
les défilements
de regards
Les bouches en eaux et les cheveux blonds
Ce sont les peaux unies
les peaux recouvertes d'orées
Les muscles s'enfermant dans le vide d'une prison
Ce sont les trous les manques
les aromes
Ce sont les chaleurs et les froideurs
réunies
Ce sont nos espaces clos
ouverts a la nuit
Ce sont nos larmes
passionnées
Ce sont les éclats de nos corps épanouis
-
Jean-Bapiste
Labrune, France, le 12 janvier 2003
Demain
je serais mort. Quelle folie.
Bien
à présent je le dis. Je n'ai jamais que dormi que dans
la vision rêveuse d'un petit fantôme.
Ce petit fantôme féminin, il a des yeux de prunes un
peu trop mûres, un léger marron, qui se marie habilement
à des reflets violets. La profondeur aqueuse d'un vert pâle
remonte les chemins sinueux qui mènent au blanc mortel du globe.
Ces petites routes verdoyantes, elles me mènent au bout du
monde. L'argent lunaire qui irise la pupille donne au gouffre noir
la légèreté d'une plage de sable volcanique.
Ces yeux sont incroyables...
C'est
aussi pour ça que je suis amoureux d'un fantôme.
Ce petit
fantôme féminin fait environ 55cm. Il est minuscule,
il a des joues roses d'enfant, et pourtant, la pâleur d'un sage.
Il a de petites mains potelées, elles tiennent dans mes poings,
mais elles ont la force d'une femme qui a vécu des siècles.
Et son corps, petit, chétif et fragile, il plonge mon regard
dans la peur du temps.
C'est
aussi pour ça que je suis amoureux d'un fantôme.
Chaque
nuit, il est venu me voir. Il m'a parlé d'amour. Il m'a dit
des choses qui ont détruit ma vie. Alors je n'ai plus qu'aimé
cet ange fantomatique, que j'avais perdu longtemps avant.
Je vais
mourir, bientôt. Quelle folie.
-
Michel
Martin, France, le 12 janvier 2003
LES QUATRE
SAISONS
Voyez,
dit l'Année Nouvelle, descendant l'escalier encore vêtue
des paillettes de la fête, comme j'ai de longues jambes, et
bien faites pour courir avec le temps. Et de longs bras bien musclés
pour vous y serrer. Que mes mains gantées de cuir sont fines,
et comme leur impatience est grande de vous offrir ce calendrier des
Quatre Saisons.
*
LE PRINTEMPS
Flore en sa brusque naissance
Jaillit de sa source subite.
Les roses
au jardin embaument
Les parterres, l'abeille vrombit
Dans l'ivresse de son pistil
Et le bouvreuil inquiet
S'agrippe aux mousses de son nid.
Des robes
imprimées de grandes pivoines
Rouges envahissent les allées
Où des capelines de paille,
Comme des papillons
Moissonnent les canas.
Le printemps
s'amuse de son remue-ménage,
Des bourgeons prometteurs
Alourdissent les branches;
Au bout de l'allée notre rencontre fut douce.
*
L'ETE
Le rouge
est mis au verger
Où les hommes-oiseaux
Echassiers des grands arbres
Remplissent, attentifs, les paniers
Pleins de fruits qui se balancent aux branches.
L'arum
et le lys composent,
A l'acmé de l'Août,
L'opulent reposoir
De leur bouquet virginal
Pour la fête Mariale.
Dans
les blés complices, les épis
Conservent en leur grain
Le secret des Bacchanales de l'été.
*
L'AUTOMNE
Une odeur de cire
Et de tabliers neufs
Envahit les cours.
Sous
les préaux, les palets
Des marelles atteignent
Leurs ciels de craie.
Des nuages
filent
Emportant les illusions de l'été.
Les marrons
se fendillent
Dans les poêles percées.
Nous
n'irons plus au bois
Les lauriers sont coupés.
*
L'HIVER
Les pas
étoilés des oiseaux
Impriment leur marque
Dans la neige près du bûcher.
Kiwi
la chatte de velours noir
Assise près du foyer passe
Avec délice sa patte
Derrière son oreille
-Sûrement il va neiger-
Les flammes
dans l'âtre dansent
Leur sarabande, ombres bleues
Et jaunes qui chantent l'acacia
Le tablier
relevé de la cheminée
S'agite au vent du nord
Qui s'invite au foyer.
-
Juliette,
France, le 12 janvier 2003
CONTEMPLATION.
Quelques
oiseaux s'envolent dans un ciel sans nuage,
Le ciel derrière eux est violet, bleu et rose.
Moi, je lis dans mon lit des livres sans image
Qui racontent la vie dont j'ignore toute chose.
Un avion
qui passe emporte derrière lui
Des traînées de nuage qu'il a volées au ciel
Et mon coeur bat tout seul au bruit des cieux qui dorment,
Je contemple en silence l'étang multicolore.
La traîne
de nuages s'estompe peu à peu,
Il ne reste plus d'elle qu'une vague écume blanche.
Les oiseaux sont partis mais d'autres les remplacent,
Tâches noires dans le ciel pourpre...
Je regarde
cela,
Et je pense à la vie, à la mort, à l'amour,
Et je pense au futur, au passé, au présent,
Et au plus-que-parfait.
-
Karim
Guez Guez, , le 11 janvier 2003
Les douzes
au beffroi scandés,
L'amertume d'une tisane
M'interdit un sommeil profane
Par où tous se sont évadés...
Et seuls, angoisse qui ricane,
La troupe des delphinidés
Et moi, les gréements fécondés,
Franchissons ta nuit océane...
Dormez, amis, dormez heureux!
De ce qui penche aux rocs affreux
Vous n'en saurez que doux tangage
Car j'aurai soin au petit jour
D'essuyer honteux du visage
Les larmes même de l'amour!
-
Lolita
est en pleine forme, , le 10 janvier 2003
La vierge lave son corps dans la rivière
lave ses bras
lave ses jambes
La vierge se baigne dans la rivière
baigne ses seins
baigne ses lèvres
Seins menus et lèvres douces
un regard sur vous se pose
Une branche
porte sa robe
la robe est blanche et légère
une branche porte sa robe mais
le vent lemporte
Un regard
se pose
sur la vierge
et la vierge nose
plus sortir de leau
Elle se baigne toujours dans la rivère
baigne ses bras
baigne ses jambes
Elle laisse son corps à la rivière
laisse ses seins
laisse ses lèvres
seins menus et lèvres douces
prisonniers de mon regard