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7
avril 2003, par Philippe Algrain
Elle
est à sa fenêtre et pourtant ne voit rien
Elle n'entend pas les cris des enfants qui s'amusent
On dit qu'elle a choisi de vivre ainsi recluse
Elle ne guette personne et personne ne vient.
Elle
ne s'effraie pas du temps qu'il fait dehors
Elle ne compte plus le temps qui a passé
Elle est vêtue de noir et sa peau est fanée
Ses mains ne tremblent pas ou du moins pas encore.
Elle
ne pense plus aux enfants qu'elle a eus
Qui sont devenus grands et qui ne viennent plus
Qui n'ont jamais le temps de lui donner du temps
Elle ne pense plus qu'à ce jeune homme d'avant
Qui dort
depuis longtemps tout au chaud de son être
Et qui lui sourit quand elle vient à la fenêtre.
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7
avril 2003, par l-arbre
La-bas
des femmes se baignent, certaines perdent les eaux, les seins servent
à nourir et parfois même un lait déborde, exactement
là où cet arbre a poussé. A même le tronc
cet enfant gravera son nom. Sous les huttes les seins pendent, on
se lave à sec, à la terre, et quelques anciennes apprennent
aux jeunes vierges comment se parer et répandre un peu d'urine
dans leur cheveux. Des hommes dans le désert on pris la poussière
comme pour don, s'enduisent de cendre. C'est ainsi qu'ils savent ce
qu'est un feu, c'est ainsi que leur maison est sans faim, sans borne
et fraternelle. C'est ainsi que la chasse, la soif et la faim pèsent
à peine sur leurs membres. C'est ainsi qu'on rejoint au matin
les volutes de fumée, étrenité déterrant
la courge juste cuite du probable unique repas, en riant du vieux
"sans-oeil" qui s'est cramé le derrière sur
les braises. Là-bas, ils sont une vingtaine à travailler
dur, le "détenteur des vérités" a pressenti
une source sous leur pieds, alors ils ont taillés avec respect
dans le même arbre des outils pour creuser, des "pieux
à eau" dont les coups sont chant du silence, risque et
soif de plus. Alors ils respirent. J'étais en dessous et je
voyais le Ciel poindre dans un bruit sourd de glaise lourde et de
futures poteries, puis un enfant m'a bu. J'étais sang j'étais
terre, j'étais voix j'étais ciel, j'étais
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6
avril 2003, par Élisa
Quand
on sait que parler pourrait rompre le charme
Du discret, du secret, de la subtilité,
Et quand on ne sait pas ce qu'il en adviendrait,
Peut-on alors se taire et déposer ses larmes ?
Tu attends
quelque chose -ou bien peut-être pas.
Je ne te donne rien qu'un infime sourire,
Je n'ose pas bouger de peur de tout détruire,
Je ne le ferai pas, je ne le dirai pas.
Tu n'obtiendras
de moi que des mots ordinaires.
J'interprète ta voix autant que tes silences,
Fais en autant pour moi, les coeurs les plus intenses
Ont bien du mal parfois à se mettre en lumière.
Sais-tu
bien seulement ce qu'il se passe en moi ?
La douceur de tes mots, sous mes yeux fatigués,
Voilée en interligne, et comme délavée,
M'éveille et me transporte et tout d'un coup j'ai froid.
Et le
vide des mots qu'on n'a pas prononcés
Et qui dans mon esprit laissent un goût de fiel...
Notre rêve supportera-t-il le réel ?
Quotidien que j'exècre ? Le doute est semé.
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Aude,
6 avril 2003, par Jean Leclercq
De mon
coeur cruxifié coule des larmes d'amour
Qui ruissellent sur les ruines de mes rêves déchus.
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le
battement de la vue..., 6 avril 2003, par stéphane gulesserian
le battement
de la vue
se tenir sur le quai
un au revoir qui se refuse
l'importance donnée
l'envers des pleurs
bâtir
ces expressions, les nôtres
scènes blêmes
tant la semblance est grande
reviens ?
l'idée
guide ou entrave
je suis loin
à la table d'Israël Potter
train d'ondes fraîches
le témoignage des mains
en dernier lieu
disperser ses regrets
l'écho de la mer dans une paume
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L'enfant
noir, 5 avril 2003, par Said Salem
Ne pleure
pas mon enfant
Je vois au fond de tes yeux
l'innocence de tes mains blanches
Cueillant les fleurs de ton sommeil
voyageant sur les sables mouvants
Prends cet arc-en-ciel
Et tresse tes rêves en rayons de lumière
Regarde à l'horizon la perte les nuages flottant
L'amour a pris des ailes pour s'envoler dans le ciel
Renonce à cet égoïsme aveugle et récalcitrant
Ramasse ces étoiles échevelées éparpillées
Sur ces verres transparents du Ténéré
Illusions ! l'Enfer est sur la terre
Ecoute le voix de ton coeur
Chantant l'anarchie des rimes de couleurs
Guette épie la lune de l'Afrique encore endormie
Dont les aèdes les griots et les troubadours
Réinventent à jamais cet amour éternel...
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Croisements,
5 avril 2003, par Jean-Michel Grimaldi
Que demeurera-t-il
de ces voies qui se croisent,
De ces routes inconnues que survolent nos vies,
De ces traces d'acier où nos rêves s'embrasent,
De ces autres destins retombés dans l'oubli ?
Ces moments
partagés, ces regards échangés,
Germeront-ils ailleurs ou n'auront-ils été
Pour ces chers disparus que des instants perdus,
Enterrés sous le sable des heures révolues ?
Que demeurera-t-il
de ces voix qui se taisent ?
Quand dans la clarté pâle d'un jour qui faiblira
Nous nous retournerons sur un chemin de braises,
Partirons-nous sereins sous le son froid du glas ?
La vie
est comme un livre où les heures stériles,
Inconscientes ou seules, ont des mots bien tranquilles.
Mais quand viendra la nuit nous entendrons trop tard,
En voulant les relire, la voix du désespoir.
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4
avril 2003, par HELISOA OLGA
Ce poème
est pour rejoindre les POETES DU MONDE
il y manque ceux de MADAGASCAR.
DOX (
MADAGASCAR )
QUE SONT-ELLES
CES ETOILES ?
Mourir comme ce soleil
à longues traînes d'or
dans
un lac couleur d'opale
que c'est beau !
Se consumer
comme une braise
pour ne laisser que cendre.
Mais
le soleil est-il mort ?
L'ombre descend.
La nuit vient.
Le vent se lève,
on l'entend bruire
doucement
doucement
comme le souvenir d'une symphonie
Est-ce le dernier souffle
du jour à l'agonie
qui a
emporté très loin
vers le toit du monde
des milliards et des milliards
de morceaux
du soleil
et les a éparpillés
en étoiles
dans le ciel
être
de la vie.
***
Elles
palpitent dans l'infini
ces étoiles
on les admire
dans la nuit
sans voile
ce sera
le souffle de l'aube
qui les réunira
en une masse de feu
qui de pourpre
deviendra or.
Renaissance
du soleil
et de la vie entière.
Ne pas
finir en cendres
mais revivre plus beau
tels les soleils couchants
qui ressuscitent à l'aube.
Puissent
mes rêves
ne jamais finir
mais toujours renaître
plus
beaux
d'amour !
DOX (
Poète malgache 1913/1978 )
in Chants
capricorniens, pp. 16-17, éd. Centre Culturel A. Camus,
Antananarivo,
1995
Transmis
par HELI'S MADAGASCAR
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2
avril 2003, par Got
L'ange me barrait la route voulant m'abattre au détour ou me
rabouter dans un trou "montre moi ton plan !" me dit-il
ou ailes. "Il est rabattu"répondis-je d'un air. Alors
il attribua à mon libre arbitre ma cabrure rabrouée
et arbora une ride au milieu du front : étant une étoile,jamais
il laboura l'étendue de mer que j'allais baratter. Me marbrant
de barreaux et cambrant les ailes ,il me dit :"Abruti ! Braveras
tu encore le bambou là ?"En ambulant le mental j'élaborai
:"Rien ne vaut barioler le plan qui nous tirera d'affaire."
Mais, bramant, il rembarra mon tour en riant "Je t'abomine !"
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1er
avril 2003, par Anna Maria Zaidman
Les petites filles font pousser des marguerites sur les graffitis
Ma terre
est de chemins ocres et sable
Sauvage
De résines et de parfums
Doux et âcres
Ma terre est une solitude habitée
De cimes qui esquissent des sentiers
Vers le ciel
Ma terre est de ruelles pavées de sang
Ruisselant
De chants de coquelicots
De jardins luxuriants
Derrière des portes
Fermées
Et de tes yeux sombres
D'Altiplano
La plainte d'une quena déchire les silences immobiles
Ma terre est l'urne des larmes
Recueillies dans les creux de l'asphalte
Pour Yanne
Quand la ruelle est assassine
Et ne s'entend
Que le silence strident
De la nuit
Yanne
Et tant d'autres enchevêtrées
Dans le filet des marchands
De poisons édulcorés
Esclavagistes d'innocences
L'indifférence fait marcher pieds nus sur le gravier
Ma terre a gravé l'empreinte
Des courses à travers les champs
De pissenlits
Zigzaguant les routes
Fuyant les pas haletants
De l'ennemi
Le vent efface les chemins tracés de sable
Ma terre est de ruelles étrangères
De bric-à-brac
Amoncelé
Ruelles-refuges
Des rires de l'enfance
Déchaussée
Des larmes perdues de la ville
Du vrombissement des oiseaux
Du chant des moteurs assourdissant
De matins citadins
De l'habitant des rues cherchant son repos
Au seuil des espaces anodins
Anonymes
La blessure
creuse jusqu'au coeur des routes serpentines
Mais encore
La rue se laisse trouver
Sous les décombres
Se laisse chercher
Parmi les détritus
La fange colle aux pieds
Et la rue se laisse émerger
D'un filet de lune
L'arbre rassure d'ombres
Les passants
L'herbe frétille
Sous le souffle du printemps
L'été le soleil se couche géant et orange
Le jour attend son lever
Teinté d'impatiences
Tes yeux sont sombres et rieurs
Tendres et clairs
Et puis
Sur les graffitis, les petites filles font toujours pousser
des marguerites
De
l'air - 1, 31 mars 2003, par M-C Escalier
De l'air
de l'air de l'air
redonnez-moi le ciel sa course ses coteaux
ses routes cascadant par delà l'horizon
l'odeur vive des rues
la trille des ruisseaux
et ce coeur détrempé de rosée jubilante
du seul fait de marcher dans un matin nouveau.