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correspondances poétiques, Club des Poètes

Tous les jours, nous recevons des dizaines de messages venus de tous les coins du monde. Regulièrement, nous mettons en page quelques-uns des poèmes (dans la rubrique Poésie en marche) et des articles qui nous sont proposés. Ci-après, nous vous proposons de découvrir quelques fragments de notre correspondance.

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Si d'aventure, vous passiez par Paris,
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Nota Bene : Tous les messages sont lus chaque jour par nous et mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous lirez ci-après.

Exceptionnellement, nous n'avons cette semaine sélectionné qu'un seul poème, non pas qu'il n'y ait pas eu d'autres poèmes touchants ou intéressants, mais le poème qui suit nous a semblé devoir être particulièrement remarqué.

 

  • Etudes amniotiques, 1er juin 2003, par En delà ...

    Etudes amniotiques
    En sourdine, le silence
    ...
    Patience dans la voie qui se trace sur l'impatience,
    Où chaque seconde tisse l' écrue d'un chiffon étale.
    Sans le moindre faux-pli, de soi.
    ...
    Je m'en crierai le mal
    A marcher, en épierrer les drailles
    Sauter plus haut, taper plus fort
    Désapprendre la pitié et le remords.
    Arrache ce col,
    Embielle et avale ce ruban noir,
    Lascif comme un dessous sur une promesse.
    Le dernier kilomètre est celui des brumes sombres
    Que l'on arrache de devant les yeux qui crépitent,
    Le pneu qui brûle,
    La cuisse qui se soude sous le fer,
    J'ai mal.
    Mais c'est mon Jack, et mon Daniels, mon Johnny,
    Et ma goutte, Walker.
    Ma sueur mes larmes mon cri jamais étouffé,
    De reins qui hurlent à la masse du sang.
    ...
    Un dos c'est une ville,
    Savoir ces escaliers qui crient
    Ces bagarres dans les étages,
    Entre les placettes où les enfants jouent,
    Jusque tard le soir.
    Sous la nuque je rêve d'un soleil.
    Un dos
    Une coupe de chaleur
    Consentie entre les grains de sable
    Sueur sieste perle, sillage de gouttes
    Où des lèvres viennent s'abreuver de sel
    ...
    De sel, d'acide, de feu dans les yeux
    Crevé.
    Au fond de l'effort,
    Une fatigue d'écurie,
    Un sommeil de paille,
    Mais un sommeil lent,
    Eludant l'abstinence.
    ...
    Il dort.
    ...
    Ils ont des trois faubourgs évité la ceinture.
    Nomades tôt sortis du sérail en une ligne soigneuse
    De bats harnachés, les outres humides encore,
    D' eaux attendues, lourdes et latentes.
    Sur la dalle du reg à la grande netteté
    Elle va l'amble, vers de houleuses barkhanes.
    Chaque sommité chamaillée par le vent
    Ménage sa surprise d'ombre aux premières pâleurs.
    Il s'est levé orgueilleusement sur la fin de la nuit
    A chassé les bêtes arqueboutées,
    Enflé les tentes à en casser sec toutes lanières.
    Et s'envolent les toiles par les visages de l'attente
    Ou étais-ce mon rêve,
    Ou ne les ai-je simplement pas entendus partir
    Me laissant seul au pied de la gorge, au lit sec.
    Un torrent de cailloux vanne de fines particules
    Argilier sous une promesse d'orage,
    Léchant le pied de l'arbre.
    Tronc contraint, par la roche et le roc,
    Aux tournures de veines noires et sans frayeurs,
    Ensevelies sous la prière.
    Là les eaux perdues laisseront leurs empreintes,
    Flots et tumultes dilatant les berges,
    Et l'air s'arrache des gorges, galets charriés vers la mer dans un même
    flux et reflux.
    Loin le feu martèle sur les tempes ses bruits de forge
    La sueur y ruisselle, rejoint la boue qui miroite dans les creux.
    Se séparent terres et eaux de leur violence contenue.
    Demain l'oued laissera sur la roche tendre
    Son lac asséché d'efflorescences salines
    Etrangement peu à peu les enclumes se taisent
    Dans un silence ou l'assouvi et l'inassouvi s'apprêtent à se dire
    Dans un combat sans lendemain
    ...
    J'ai remonté le cours de la rivière où l'eau se joue entre les pierres
    blanches (c'est une passe discrète où les courants se serrent et
    desserrent ; y viennent frayer les truites à l'abri des pêcheurs),
    défrichant le souvenir de très vieux chemins, oubliant ma chemise
    d'entre moi et la lumière du vent, le reste d'entre mon sexe et la
    pierre, comme sur une tombe tiède. Y viendra la chaleur ? Y viendra le
    froid ? Et le vacarme des chutes couvrira celui des tempes.
    ...
    Pêche,
    Soupir flottant à la surface du courant
    Dont elle prend le frais avant de l'offrir.
    Peau hostile, noyau inhospitalier
    Seule la chair se donne.
    Lait plat et opaque
    Rêvant une profondeur de dôme sous une peau qui s'épaissit,
    Gelée souple,
    Sans charnière, sans clé,
    Et pourtant porte du désir.
    Olivier, arbre de paix.
    Tranquille celui qui dans la patience de la saison
    Taille ses branches pour le cingle des hirondelles
    Et douce est l'huile, au geste calme et lent
    De la mélopée d'éminences, de la digitale rengaine
    ...
    Carbonise l'innocence, la fausse pureté
    carbonise l'obsolescence,
    les pieux forcenés,
    les oeillères comme les deux mains,
    les hiers comme les demains
    - les rougeurs adolescentes, et les auréoles jaunies,
    percées aux coeurs si-bleus,
    des très vieilles ecchymoses.
    Carbonise l'indécence,
    l'enferme, et la libère d'incandescence
    où la marge livre, une veine, argentée.
    "Sainte Barbe, ce lourd piétinement dans la mine"
    Qui a mis aux âmes en poudre
    Ce feu qui défouraille, déflagre et détonne.
    ...
    Laisse venir
    Les anches qui roulent,
    Les peaux qui résonnent
    Les cordes qui s'étranglent
    Au rythme rauque de la dé-cadence haletée.
    Laisse venir sous la soie
    L'orragie d'argent à l'âme imprudente,
    Où se dévisagent face à face
    Le ciel et l'en dedans.
    Ouvre les yeux, sur la résille de l'être.
    Par là, où je croyais tenir debout si haut en moi l'animal
    Là où tout se lie et se détend, l'élan et l'équilibre
    Fourche d' où le dos se tend comme la corde d'un arc,
    Faiblesse et force affrontées
    Se détachent, ensemble roulent.
    Et je flanche.
    ...
    Renaître une harpe,
    Et les blanches s'égrènent, sans folie dispersées
    Accrochant au passage de tympaniques sifflements.
    ...
    Source, pluie, nuage,
    Toutes frayeurs oubliées dans un frissonnement qui coule et coule le
    long du long de moi
    Sa laitance d'amande douce.
    Sortir de soi ce qui reste à inventer.
    Je parlerai à la terre de l'étang des orages
    Du temps des partages.
    Et par les cordes tues
    Mes eaux semées au sol
    Hurleront leur contenu du talon dans le sable grave.
    Source, pluie, nuage,
    Trempé il vient fraîchir mes paupières alourdies
    Poches creuses
    Clés de la nuit, monnaie du jour
    Feuilles noircies ramassées sur des chemins adolescents.
    Il me fallait lire ce trajet dans l'eau
    Source dans la source.
    Quelle lumière y avait-il en cette volute blanche
    Combien de marbres d'Italie, figés dans la pierre
    De strophes et de visages brûlés par ce feu de paille.
    Un seul enfant à naître en ce torrent d'âmes mortes innées
    ...
    Fusil calme les chiens endormis,
    Dans le creux des oreilles,
    Mains pâles, tremblantes à même le sol
    Aime le Sol Si Mi d'une Alina oscillante,
    Entre la naissance oubliée et l'éveil requis
    Prélude au miroir, loin dans le miroir
    Si loin dans la mémoire.
    Mais tu es là, toi,
    Qui danse encore en riant
    Sur le fil entre mes poignets tendu.
    Jamais
    Qu'en ce jour de froid, loin déjà,
    Qu'en ce moment de partage,
    Où comme ces enfants nés qu'on immerge à nouveau
    J'ai gardé les yeux grands ouverts,
    Ecarquillés sur un ciel, morcelé,
    Par le fin réseau d'une branche de hêtre.
    Tous nerfs coupés que ceux de mes yeux
    tous m'entends-tu-
    Qui écrivaient sur le bleu
    Les tessons de ton nom.
    Jamais trahie.
    Jamais, m'entends-tu, jamais.
    ...
    Devenir, c'est réinventer chaque jour
    L' hier qui n'avait pas encore pu exister
    Entendre la mémoire, toute la mémoire
    Comme une dalle utile et lourde
    Qu'il faut soulever de toutes ses forces
    Pour que s'échappent les vapeurs de vie dissoute qu'elle recouvre
    Et la laisser enfin se fracasser sur le révolu.

     

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