Nota
Bene : Tous les messages sont lus chaque jour par nous et
mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous
lirez ci-après.
- DANS UN TRAIN, le 6 septembre 2003, par Michel
Le voyage va se terminer. Au bout de la route, le voyage s'arrête. J'aimerais tant prévenir quelqu'un que j'arrive.
Je voudrais le chant d'une flûte, et des choeurs aussi qui me pénètrent et me dispersent vers les étoiles de la compréhension.
Mais je voudrais aussi que Dieu m'apporte un café chaud, à peine sucré, et me parle enfin comme à un vieux copain.
déjà, s'avancent par delà les planètes les lumières du doute et le chant de la flute s'éloigne. quand se lève l'aube. Dieu a rangé ses cartes et n'est plus qu'une silhouette .
Le voyage a repris et mon corps rassemblé retrouve la quiétude des certitudes. Le train glisse dans la campagne et le soleil joue dans les feuillages.
Je devrais prévenir quelqu'un, je crois.
Au wagon-bar, le café n'a pas très bon goût.
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La Lune, le 3 septembre 2003, par Maragel
La Lune
Lorsqu'au petit matin sombrent les étoiles
La lune rousse, gaillarde se dépêche
Eclairant d'autres nuits, elle étend son voile
Sous des cieux que bouleverse la bise fraîche.
L'astre nocturne qui tendrement nous veille
Discrètement esquisse de larges sourires
Aux amants fougueux, épuisés, qui sommeillent
Leurs amours charnels bercés de profonds soupirs.
L'encre ne couvre que peu d'étoiles clairsemées.
D'argent, elles tapissent le si vaste univers
Filantes, ne parviennent a les fuir, ni les semer
Les regiments guerroyants, de rayons divers.
Timides, les nuages surpris rougissent
De l'impudeur du crépuscule et de l'aube
Du mariage d'ennemis dont se réjouissent
Les hommes depuis des siècles
et se dérobent.
- ...Des Mains, le 3 septembre 2003 par Jacques Gourvennec
Des mains comme des ombres
Ces ombres que l'on porte, aux mains de l'invisible...
Les mains comme une issue
Comme un possible lien, comme un attachement
Cet autre aspect de soi, n'occupant qu'un espace, raccommodé des lèvres
Des mains où tout figure, les paumes retournées, pour se cacher de vivre
Avec les mêmes mains, et les mêmes visages, les paumes retournées, à se cacher de mordre
Les mains comme des phrases, à se chercher des mots, derrière les ossements.
Des mains de circonstance, au creux de l'inconscience, à prendre des postures
Ces mains pour appuyer, les gestes que l'on pense, afin de nos discours
Comme une fin, comme des cris, aux mains d'une méprise, aux mains qui nous étranglent, comme un dernier recours
Des mains rien que des mains
Comme des vagues, comme des voiles, et des aveuglements, dans leurs bateaux de nuit
Des mains rien que des mains
Aux mains comme un langage, remplaçant mille langues, à gestes, à cur battant
Comme des yeux, comme des voix, des mimes aux idées noires, au silence contre nuit
Des mains pour nous mendier, l'amour que l'on proclame, aux portes de secours
Des mains pour nous gaver, des mains qui s'en balancent, des mains comm' de l'amour
Des mains, comme un appel, aux bouches affamées, d'idée fixe qu'on avance, à force de détours
Les mains, aux mains de tout, jusqu'aux mains que l'on coupe, aux juges qui s'Entribunent, au nom d'une autre cour
- 5 Septembre 2003 par aon Lemx
J'ai regardé par la fenêtre..j'ai vu le Lac St-Jean avec mon oeil gauche et le Saguenay de mon oeil droit.
Oeil Gauche
C'est vaste plus loin que ce que l'on peut voir. Les vagues indiquent la distance et le temps semble suspendu au dessus de l'eau. La mer à perpetuité avec des clés flottant sur l'horizon. Des balcons le long des routes pour appuyer les regards et la pudeur des rosiers sauvages invisibles, gravissant l'air bleu.
Oeil Droit
C'est intriguant, parsemé de langues de pierres traversant l'eau calme. Parce qu'on à toujours le gout d'aller plus loin et de voir ce qu'il y à derrière ces panneaux de brumeux. Les conifères gustatifs crèvent le ciel pour gouter aux bleuets et l'air se déplace pour toucher à l'espace juste sous les ongles d'écorce. La route serpente et se tortille douloureuse ne pouvoir fondre. J'ai demandé aux gens et ils racontent que la rivière est là, mais ils ne la voient pas, ils la vivent. Le plus étrange, c'est la transparence et la lumière rebondissante partout ..mais ça c'est une autre histoire.
L'histoire des yeux fermés
Rivière jalouse qui s'écoule et qui se blottit sous ta langue Animation libre et admirable si généreuse...
La couleur que je vois les yeux fermés. Je voudrais y être..
- On ne dira rien à personne, 24 août 2003 par Jacques Gourvennec
On ne dira rien à personne
Et toi, tu me diras « Ce n'est pas grave tout ça »
Et l'on fera semblant...
Et l'on n'aura le temps
Du temps qui passera, au delà du passé, au delà du futur, comme si le temps n'existait pas.
Comme si nous étions seuls, seulement toi et moi, comme on refait le monde, au-delà de ses gestes, au-delà de ses phrases.
Et tu me diras « Je » et je te dirai « Tu ». Ne serons plus que nous
On n'aura des matins, qui n'en finissent plus, sur nos lèvres de nuit
A se conter les jours
Nos visages
Et nos brumes
Nous seul à s'écouter
Seulement, rien que deux
toi et moi
Rien qu'à nous.
Et tu me diras « Je » et je te dirai « Tu »
« Avec »...comme un prolongement
Comme une seule et même idée, avec ses mêmes gestes, mélangés aux souv'nirs
Mélangés aux odeurs, dans le pain que l'on coupe, du café qui enfume, n'attendant que demain.
Demain et puis demain, avec d'autres « encor »
Avec d'autres matins, aux odeurs mélangées.
A ne savoir qu' aimer.
Et passera le temps
Sans rien dire à personne
Et toi, tu me diras « Ce n'est pas grave tout ça »
Et l'on fera semblant...
Et l'on n'aura le temps
Il y aura, juste, ces autres, avec leur front baissé, à recompter les pas...
A se mordre les lèvres, des langues en pointillés
Ces autres
Pour qu'on se garde ; Des mains dans l'habitude
Ces autres que l'on devine, à tous les temps qui passent.
Les mains pour nous parler
De celui-là, dans l'invisible, le temps comme une injure, à feindre des plaisirs
Un peu comme une fin , des lignes et des romances, aux ciels dans l'écriture
Un peu comme une mesure, à longueur de silence, à bout de sentiments
Avec les mains qui jouent, le doigt sur l'inconscience, des gestes et des phrases
Des mains pour nous pleurer
Dans les rayons de la danse, maquillés pour survivre
A regretter le temps
Quand « Je » lui disais « Tu »
Qu'ils n'étaient plus que deux...A se refaire un monde
A ne savoir qu'aimer
-
Le 21 août 2003, par Antonio Diavoli
On ne fait pas de bruit
Les lilas pressés de vivre
sont fleuris dans la pluie
comme des surprises paupières
qui s'ouvrent pendant la nuit
Je dis quelques mots avant
de fuir pour éclairer la route
encore...oh...étincelant amour
au bout du ciel peu sûr
plus que la lune du petit jour.
-
ENTRAVE le 19 août 2003 par Lucie RUBENS
J'ai déserté mon pays au verso de sa genèse
Vacillent les matins damnés
Sous l'oeil perfide de Morphée
Je suis à l'orée de l'envers
Et par endroits, s'ouvre ton visage
-
Le 18 août 2003 par Jean-Michel MAYOT
D'abord
Ce sont de petites vagues
Puis un flux
Un soulèvement de poitrine
Un silence
Le souffle qui repart
Retourne au cur des choses
Repart
L'enchaînement des mots
Dont respirent les choses
-
Réponse à Poussièredelune 15 août 2003 par Bobby Paul
Nous avons beaucoup apprecié vos conseils salutaires.
Mais nous nous sommes, sans effort, habitués
à l'assymétrie des monts et plaines de la terre
que la création nous a légué.
Nous aimons le naturel
tout comme nous apprécions
les bienfaits de la règle et de l'ordre.
Pour vivre nous avons besoin des deux.
(...)
(Poussièredelune
écrivait "Je viens de regarder dans le forum et je suis navré de constater qu'à l'heure actuelle, plus personne ne respecte le traité de la versification....")
- Le 15 août 2003 par Clément Rivière
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L'Ile au trésor
Le trésor de la vie
La vie est une fille
Cachée dans une valise
En morceaux bigarrés
L'existence.
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Renouer avec l'image
Ne plus nouer la corde
Les pages comme reflets
Dénouer les intrigues au milieu des corbeaux
Pouvoir toiser la lune
Ne plus avoir peur des présages / crôassant...
- Ballade antipersonnel - souvenir kurde - par Stéphane Jolie
à Hubert Félix Thiéfaine
Seul, dans mon V8 DODGE, les yeux englués de cauchemars post-traumatiques, je profitais d'une journée de repos pour partir, insouciant et curieux, à la conquête de la frontière Iranienne, qu'on dit sauvage et mystérieuse ; no man's land poussiéreux et aride aux guérites à barbe et barbelés rouillés. Je laissais derrière moi ma ville en éveil, berceau martyre des gazages Irakiens : Halabja l'éternelle...
La Chaîne du Mont Zagros, depuis peu désertée par les guerriers fatigués d'un conflit éternel, retrouvait peu à peu la magie orientale des hivers finissants. Dans la pudeur bleutée des aurores printanières, les gamins matinaux d'une école buissonnière, m'invitaient d'un regard au premier thé du jour. Sur le bord de la route, le bonheur m'effleurait.
Une rafale de Kalach' faisait chanter les cimes, le guerrier débonnaire défiait sa solitude en emplissant les cieux d'étoiles artificielles. Je semais les gamins dans un voile de poussière et précédais le jour sur les monts rougissants. Un Keffieh rouge et blanc flottait en haut d'un mât. Comme fondus dans la roche, camouflés de nature, les gardiens de ces lieux saluaient ma ballade en nettoyant les armes de leur prochain combat.
En contre bas, dans la prairie, des gamins déplaçaient lentement, les ogives endormies, les obus égarés. Ils vendangeaient les champs de ces bouts de ferraille qui souilleront leur terre pour plusieurs millénaires.
Quelques kilomètres d'une piste lunaire me séparaient encore de « l'Irani Check Point » quand une envie naturelle m'expulsa de mon Pick Up et m'invita à me soulager contre un arbre mort et isolé ; ultime témoin des invasions perses, victime lui aussi des gazages intempestifs de la région par les oiseaux cracheurs d'ombre d'un monstrueux dictateur.
Mais la beauté du paysage anéantissait le monstre et les odeurs de pomme et de moutarde rance n'étaient qu'un triste souvenir . Je ménageais mes pensées, condamnais mes angoisses et promenais mes yeux sur ce lit de nature.
Les champs de coquelicots hypnotisaient ma pause et rougissaient la plaine à perte de vue. Au loin, une cascade déchirait la roche et les narcisses qui enterraient l'hiver allaient bientôt marquer de leur empreinte sèche et délicate le livre de mes souvenirs. J'étais convié au buffet de Mère Nature et j'oubliais pour un instant les souffrances d'une guerre compliquée, les camps de déplacés et le regard usé des enfants sacrifiés.
Je marchais droit devant, comme attiré par le destin d'un faux pays perdu qu'on devait vite oublier.
Je quittais peu à peu le sentier du réel, la piste lentement s'effaçait sous mes pas...
Quand soudain, une tête de mort blanche « taguée » sur un panneau rouge délavé, me crachait au visage la dure réalité que je venais de traverser, d'un pas léger, une parcelle de terrain miné. L'arbre mort m'avait habilement dissimulé cet avertissement vital, pure merveille d'une revanche végétale sur la folie humaine et sur la guerre des lâches. Ce n'était pas mon heure et pourtant
j'allais y laisser quelques plumes à défaut d'y laisser un bras, une jambe ou la vie.
une explosion, un grand silence puis des cris, la souffrance, la colère d'une mère, l'ambulance trop lente, l'hôpital trop loin et les chirurgiens débordés, dépassés, fatigués
le quotidien du peuple kurde.
« l'horreur est humaine, clinique et banale, enfant de la haine, enfant de la peur L'horreur est humaine, médico-légale, Enfant de la haine, que ta joie demeure » Tout était là, dans ces mots terribles et magnifiques d'Hubert Félix Thiéfaine, poète et chanteur qui se colle aux portes de secours de nos âmes et nous confie ses maux depuis plus de trente ans. Il accompagnait ma balade ce jour-là et mettait en musique ces clichés à tout jamais encrées dans cette mémoire annexe, ce surplus d'images déchirantes qui marquent l'esprit et nourrissent les rêves
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- Le Poète, 13 août par BENABDELMOUMENE
Le poète
Or, il y a en France un poète africain. Il s'appelle Salim. Zahira est sa mère. Il est né musulman et fait donc la prière. Dans ses rêves obscurs, le flot côtoie le nain.
L'homme est brun, bedonnant car il a souvent faim. Il n'aime pas la guerre, encor moins la misère. Les méfaits des mortels le mettent en colère. Hervé, son grand ami, est un bon écrivain.
Sa soeur Samira, elle, est déjà mariée Avec un ex-chrétien. Mère l'a reniée. Son père El-Bachir, las ! est mort depuis huit ans.
Je parle de moi à la troisième personne, Rêve de doux printemps mais, triste, en automne. A Dieu, qu'aurai-je à dire à l'heure des bilans ?
- Père, 11 août 2003 Danielle Dubois
Père d'amour, je viens ce soir dormir sous tes ailes.
Protège-moi de mes douleurs, car mon cur n'a plus de force pour lutter.
À l'été de ma vie, je me sens hiver.
Père d'amour, ce soir je me réfugier sous tes ailes.
Veilles sur moi tendrement et serre-moi fort contre ton cur, moi qui a le front ridé et lourd de soucis.
Père d'amour, je viens ce soir dormir près de ton amour.
Transformes la fatigue de ce jour en une nuit de douceur.
Mets la paix en mon âme toi qui es là et qui veille et Fais que mon âme soit vaillante.
Ô père d'amour, permets moi d'être fatigué juste le temps d'une journée
..
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Peur d'aimer
Toujours ce vieux mur entre l'homme et son amour. Toujours cette peine au fond de la gorge, comme une plaie.
Les larmes trop salées qui font au travers des cils passer le blanc des yeux.
La solitude qui pose sa tête sur son épaule lui confirme son besoin de rien.
C'est un homme triste qui à chaque soir, fait le clown en fête. le voilà encore ivre, il a bu sa paye et insulte l'océan et son créateur.
Tout ça parce qu'il se meurt d'amour
- Cantique de l'aube, le 1er aout 2003, par Frédéric
Cantique de l'aube
L'aube viendra-t-elle en habit d'hirondelle éclairer l'invisible linceul, et frapper au seuil de ton cur endormi.
L'aube poindra-t-elle au delà de ton mur que rien ne traverse, ni l'étincelle du matin ni l'étirement de l'azur.
L'aube tombera-t-elle rosée sur ton cur désolé que rien ne caresse, ni le frisson d'air pur ni la tendresse hivernale.
L'aube passera-t-elle le pas de ta porte que nul ne franchit, ni le vent céleste ni l'espoir que j'apporte.
Un jour, un jour peut-être un ange ouvrira ta fenêtre, de nul part montera sa louange et l'âme pansée par sa douce hirondelle enfin, tu verras les ombres s'immoler dans la lueur de l'aurore.
En ce jour, des profondeurs du ciel, Tu entendras les cantiques. Et dans la candeur de l'aube tu iras aux vignes en fleurs, marcher en pleine lumière en ton jardin réveillé.
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