Nota
Bene : Tous les messages sont lus chaque jour par nous et
mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous
lirez ci-après.
- Tapis volant, le 27 octobre 2003 par Said Salem (Algérie)
Ce matin ,contre mon habitude
je me suis éveillé conscient
sur un tapis volant
voyageant à travers la terre
d'un pays à pays brillant en étoiles
éparpillées sur la voie lactée
où villes sont des couleurs d'arc-en-ciel
suis-je fou ou raisonnable
à me battre contre les ombres
fouler les nuages aux pieds ?
cela tient du merveilleux
peu importe vos jugements
car ma muse m'as initié à ce jeu sacré des rimes
à l'ombre de cet arbre immortel des métaphores
pour vous offrir ces grappes de mots en miel
c'est ainsi que l'âme noble et innocente
se met à parler sans négocier ni tricher en amour et liberté
- Déclin, le 27 octobre 2003 par Jack Harris
L'enfant
J'ai tant rêvé aux paysages
Que l'on chantait dans les chansons,
J'ai tant songé aux doux rivages
Où se perdaient les horizons
Que pour un unique voyage
Je donnerais tous mes bonbons.
L'homme
J'ai parcouru un continent
Qui m'est apparu très austère,
J'ai traversé en conquérant
Plein de villes pendant la guerre,
J'ai toujours vu au pire instant
Le doux visage de ma mère.
Le vieillard
J'étais au seuil de la vie,
Je suis à celui du trépas.
Je sens parfois la nostalgie
De cette époque où les lilas
Avaient une odeur d'ambroisie
Et que ma mère ouvrait ses bras.
- Le sel, 26 octobre 2003 par Fred
Le sel
Le sel de la mort
Le seuil sombre de la mort
Le sommeil
Le sommeil des arbres et le sommeil des choses
Le sommeil des étoiles en leur champ abandonnées
La nuit
La nuit simple aux lèvres de l'automne
La nuit où soudain s'évaporent les visibles lointains
La voix
La voix en son château de feuillage
Celle qui apaise le cri tiède des jours
La lumière, le sel en mots des choses : Oh, feuillages d'étoiles ! Oh, jours dorés !
Le rêve
Le seuil sombre des rêves
Toute la vie en rêve
Et toute la mort aussi
Rêves
Rêves du seuil qui soudain s'évapore
Champs irrigués d'étoiles
Rêve
Lèvres étoilées du sommeil qui attend
Rêve
Arbre millénaire du sommeil
Lumière blanche des morts
Soudain, un champ duveté d'étoiles
et le son tiède des feuillages
Et puis, et puis
L'apaisement et l'oubli.
- Les roses, le 26 octobre 2003 par Bérège
Coupées
Groupées dans un cristal ciselé
Les roses s'ouvrent
Superbes
Et jettent comme un cri
Leurs couleurs étincellantes
Aux yeux qui les embrassent.
- L'Ange, le 26 octobre 2003 par Jacques Kindo
Je rêve de journées claires comme la joie,
Les constellations éparpillées dans le fleuve nocturne,
L'eau déposant les paroles sur les rives
Aux visages jonchés de couleurs vivantes,
Le vent apportant le sommeil aux chairs voûtées,
Pendant que la fatigue s'effeuille comme une branche sans éclat.
Les cheveux envolés sont un silence.
Il se pose sur une ruine d'ombres calmes,
Ce lieu à la poussière blême,
Qui regarde avec une envie jaunâtre
L'homme et ses espoirs froissés
Dont les cris font chanter les clochers,
Reculer les marins aux astres amoureux
Et les feuilles à la haine éphémère.
Les murmures de l'homme donnent un agréable frisson
Aux aubes capables d'abandons,
Où les corps étouffent leurs odeurs,
Pendant que la mémoire s'embourbe dans les paysages anxieux
D'une vie moribonde comme cette neige de mars,
Douteuse dans sa gloire démunie.
-
A Marie, le 25 octobre 2003 par Gaston Vaucher
Une femme entre dans ma vie en silence
Sans faire plus de bruit qu'un rêve.
Sa main refait jusqu'à moi le voyage du vent
Pour m'offrir le soleil et le parfum de l'Espagne.
La douceur de ses yeux a fait fondre la neige
Qui habillait mon coeur d'un linceul d'hiver.
Son regard s'est dressé contre ma solitude
Et son sourire brille dans un cadre d'argent.
Je passe sous son aile de l'ombre à la lumière.
Je deviens dans ses yeux la confiance offerte,
Le coeur d'un enfant qui ne veut pas vieillir.
Si sa main frappe à la porte de mon rêve,
Un sang rouge pleure d'une blessure secrète
Et les mots de l'absence ne veulent plus rien dire.
Je suis riche d'une fleur caressante et discrète
Qui enivre mon âme et qui me fait frémir.
Je suis riche, je possède le trésor de son nom
Les cinq lettres d'or de l'alphabet des poètes
Qu'une encre rouge a gravées sous mon front.
Avec elle, solitude et absence ne sont plus
Les fleurs de minuit que nulle saison fane.
Elle m'ouvre de sa confiance, je dénude mon âme.
Elle habite avec moi le pays des mots inutiles
Où s'unissent nos coeurs et parlent nos regards.
Tous les mots sont d'accord pour aimer,
Dans ce poème impossible, écrire sans pudeur.
Ce sont ses yeux qui ouvrent mon regard
Et ses larmes qui réveillent mon coeur.
C'est sa bouche qui donne à ma bouche
Le chant des paroles de soleil ou de pluie.
C'est elle qui me fait encore croire au miracle
C'est elle qui m'apprend à être ce que je suis.
C'est elle qui m'éveille et qui me fait renaître
Au soleil qui avait disparu derrière ma fenêtre.
Sans elle mon coeur en oublierait de battre.
La vie prend désormais le chemin de ses yeux.
Ma douleur a perdu le poids de la pierre
Et mes rêves secrets ont repris des couleurs.
Le désir de vivre hisse à nouveau la voile
Pour reprendre la route des aubes écarlates.
Mes mains ouvertes ont l'impatience du feu
Pour offrir à ses joues la caresse d'un ciel bleu.
Je suis la houle de la mer, la tempête et la vague.
Elle est la douceur de la terre, le silence et le calme.
Elle est ma force mais aussi ma faiblesse
Quand je surprends sous ses paupières mauves
La rosée de son coeur qui pleure dans la nuit.
-
le 24 octobre 2003 par Nadia
Aux mots effrénés par ma soif de vivre s'ajoute l'ombre vigoureuse des désirs apposés en symboles. Les secousses perpétuées par leur force s'ancrent à tire d'aile sur l'ourlet de mes gestes. Il en est de leurs vagues à l'écume de verre qui sifflent l'étendar des nuits endolories.
C'est pour panser les plaies de leur souffle puissant que dansent les minutes au regard du temps. Aucun égarement n'est prévu à leur bord, il suffit simplement d'amarrer son esprit pour ôter les outrages que proclament leurs vents.
C'est d'un temple affilié aux serments inexpiables que ces mots, ces désirs endoctrinent mon âme.
J'approche de leurs rives en imitant leurs pas pour ne pas les brusquer lorsque peine ma voix et j'attends l'infini déguisé à bas prix qui pâre les tourments qui glissent entre mes doigts.
Je me perds aussitôt en prières de pluie et j'implore les dieux d'abolir leurs cris pour m'ôter à demi le poids de l'éternel.
- le 23 octobre 2003 par Fred
Oh, vive lumière !
Oh non, ici, mon coeur ne tient plus.
L'automne est une source éteinte. Un océan de nuages couvre le ciel. La vie ne s'écoule plus. Nous réapprenons la langue du silence, la langue des rêves, la langue des livres, la langue des
morts. L'heure s'oublie sur sa montre. Toute lutte est vaine.
Toute parole s'efface comme disparaît la buée sur les vitres. Flamme froide de l'automne !
Plus rien que l'espérance. Patience, mon coeur.
-
Gravité légère, le 21 octobre 2003 par Sophinskaïa
Juste un fil pour répondre à son désir
D'être parfois seule entre sol et ciel
Nu-pied, câble tendu entre le rêve
Et l'irréalité : Pour ne pas perdre
L'équilibre.
Flamme vivace qui brûle, fragile,
Entourée par une mer de regards
Qui la portent si haut, elle, minuscule
Etincelle de vie face au silence
Qui résonne.
Ses bras, déployés au-dessus des têtes,
Balancent dans le rythme de son souffle
Qui règle tous les coeurs, pour un instant
Comme suspendu dans l'air, ou figé
En nous-même.
De nôtre émerveillement naît une
Envie soudaine de l'imiter :
De monter sur cette droite et danser
Parallèle à l'horizon et tangeant
A la liberté.
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