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correspondances poétiques, Club des Poètes

Tous les jours, nous recevons des dizaines de messages venus de tous les coins du monde. Regulièrement, nous mettons en page quelques-uns des poèmes (dans la rubrique Poésie en marche) et des articles qui nous sont proposés. Ci-après, nous vous proposons de découvrir quelques fragments de notre correspondance.

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Nota Bene : Tous les messages et poèmes sont lus chaque jour par nous et mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous lirez ci-après.

Cette semaine, un poème nous a particulièrement touché (ce qui ne veut pas dire que parmi les poèmes proposés, il n'y en avait pas d'autres qui ont retenu notre attention, mais, à tort ou à raison, c'est ce poème-là que nous avons choisi cette semaine, pour offrir ses couleurs à notre forum.

  • "Au coeur qui bat", pour lui dire qu'il n'est pas le seul
    lundi 16 février 2004, par Bernard



    Tout ce qu'il y a de silence
    Dans un nuage qui passe,
    Tout ce qu'il y a de chagrin
    Dans l'orage qui vient !
    J'ai caressé ton ombre
    Les mains dans les étoiles
    Et n'ai saisi que du vent.
    Si j'ai suivi tes pieds d'argent
    Sur les nuages de mon rêve,
    Jamais je n'ai pu trouver ton chemin.
    Oser tes lèvres, mais ce n'était qu'un rêve !
    Je n'ai que ton silence pour demain.

    II

    J'ai hésité entre le jour et la nuit,
    Le silence des arbres et le cri des oiseaux.
    J'ai toujours hésité entre le feu et l'eau.
    Un rêve m'accompagne à la tombée du jour.
    Ta voix parfume mon sommeil.
    La nuit sans toi est aveugle.
    Ta main devient ma canne blanche,
    Le grain de ta peau le braille de mes lèvres.
    Je t'aime comme on aime le soleil
    Sans jamais l'approcher
    Et sans vraiment le voir.
    Tu es mon cantique, ma sonate du soir,
    Ma lumière invisible entre des cils noirs.

    III

    Tu es toujours mon manque, mon désir,
    Île d'Eros, encore mystérieuse
    A jamais inaccessible rocher.
    A trop te rechercher,
    J'ai fini par te perdre
    Au beau milieu de l'océan.
    A force de caresses
    Que je n'ai pas données,
    Mes mains se sont usées
    Comme une pierre sous le vent.
    J'écoute toujours à ta porte
    Pour t'entendre m'appeler
    Dans le chant de tes rêves.
    S'il me faut la chair et le sang,
    Les cailloux et la terre,
    C'est pour mieux oublier
    Que mon coeur est la serre
    Où ta fleur a poussé.

    IV

    Je m'étends prés de toi
    Sans jamais te le dire.
    Tu t'endors dans mes bras
    Sans même que je te touche.
    L'épée de Tristan avive mon désir
    Quand mon souffle sur ta tempe
    Vient bercer tes cheveux.
    Ma main sur ta joue
    Est gantée de soleil
    Mais tu ne la sens pas
    Blottie dans ton sommeil.
    C'est toujours ton âme que je bois
    Quand j'effleure sur ta bouche
    Tes songes silencieux.

    V

    Je parle ton langage,
    Je connais ta grammaire,
    Je sais les mots de ton voyage,
    C'est le monde que je vois
    Quand tu ouvres les yeux.
    Je te suis pas à pas
    Pour dissiper tes doutes
    Et tes hésitations.
    Je te tiens par la main
    Pour te donner confiance.
    Je regarde devant toi
    Pour t'ouvrir l'horizon.
    Tu prends en moi le rire.
    De toi, je garde le silence.

    VI

    Je retrouve le froid des trottoirs,
    La souffrance des rues
    Quand ta lampe s'éteint
    Derrière tes volets.
    Je ne reste jamais loin de ta porte,
    Muet comme un adolescent.
    Je t'ai toujours parlé
    Pour ne jamais rien dire,
    Mais tu devinais tout
    A la caresse du vent.
    Des deux, c'est moi l'enfant perdu
    Des larmes ou de la pluie.

    VII

    Je t'ai donné ma force
    Et mon désir de vivre.
    Tu restes le présent.
    Je ne suis plus l'avenir.
    Je ne suis que l'écorce
    Où tu graves un sourire.
    Tu retrouves le calme
    Aux mots que je prononce.
    Je ne suis que l'escale
    Quand une tempête s'annonce.
    Je suis le passé révolu,
    Les heures oubliées.
    Ma mémoire succombe
    Et je me sens vieillir.
    Je t'aime au prix fort
    Car mon silence est d'or,
    Et j'aurais tout perdu
    Si je t'avais parlé.
    Pour toi, j'ai enterré les mots
    Au cimetière du silence
    Et suis resté muet,
    Mais je chante encore
    Ton nom en secret
    Sur des chemins de lune.

    VIII

    La pluie a cessé
    Aux vitres de la nuit
    Et le silence renaît.
    J'emporte tes seins,
    J'emporte ton corps
    Et tes yeux dans mes yeux
    Pour faire naître le jour.
    Le bonheur, c'est toujours
    Que tu vives, même absente,
    Même bouche fermée.
    Tu es encore l'obscurité
    D'une ville qui dort
    Mais je t'offre la lumière
    D'une aube retrouvée.
    Je veux que tes mains
    Soient fleuries d'espérance,
    Ôter de ta peau
    L'épine des souffrances.
    Quand tu seras seule,
    Ma main tendue
    Te redira je t'aime.
    Je serai grain de blé
    Lorsque tu auras faim.
    Mon bras sur ton épaule
    Te servira de laine.
    Je sècherai tes larmes
    Et tu n'auras plus froid.
    Toi et moi, sans jamais se confondre,
    Toujours deux différents
    Pour toujours mieux se comprendre.
    Je resterai ton ombre
    Lorsque tu marcheras.

    IX

    Je ne regrette pas
    Ce temps passé ensemble,
    Cet espace entre nous
    Qui rétrécissait peu à peu.
    Nos lèvres auraient pu se toucher
    Au hasard du mois d'août
    Et nos mains se surprendre
    Au soleil de juillet.
    Je t'ai jadis accompagnée
    Au mur de ton jardin
    Et opposé un non à ton invitation.
    L'audace m'a manqué depuis
    Pour traverser ta rue.
    La vie était passée déjà
    Quand je t'ai reconnue.
    L'automne était déjà venu,
    Nous étions en novembre
    Et je ne le savais pas.
    Je t'ai tout dit pourtant
    Avec les yeux de mon silence
    Et j'ai chanté ton nom
    Avec des mots d'enfant.
    Ta bouche est restée close
    Et le feu sous la cendre.
    Tu sais bien que je t'aime
    Même si je reste coi.
    Je voulais vivre le présent
    Sans chercher l'aventure.
    Tu rêvais d'un futur
    Mais je n'y étais pas.
    Tu voulais mon silence
    Et je voulais ton cri.
    Tu as gagné :
    Tu voulais le soleil
    Et je t'offrais la nuit.

    X

    Je t'ai gardée
    Comme un beau livre
    Que je feuillette page à page
    Lorsque le temps est à la pluie
    Et que mon coeur est à l'orage.
    Tu es venue. J'ai agrandi
    Les murs de ma prison.
    Tu m'as fait le cadeau
    D'une enfance retrouvée.
    Avec toi, j'ai réappris
    Le sel des larmes
    Et l'épine des roses.
    Tu es toujours vivante.
    Mon coeur est l'urne
    Où ton sourire repose.



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