Nota
Bene : Tous les messages et poèmes sont lus chaque jour par
nous et
mis en ligne ici, avant la sélection hebdomadaire que vous
lirez ci-après.
- Sans Titre, par Jeanne Hyvrard, lundi 20
septembre 2004
Les iris en Mai donnent l'aubade
Aux roses de la roseraie
Allée de la Reine au matin
Les lampadaires charadent
Et sérénadent
A l'abri des sorbiers
Où sont partis les oiseleurs
Oiseaux oiselles méfiez-vous
Ils reviendront avec le jour
Oiseaux oiselles méfiez-vous
Ils reviennent toujours
Le kiosque du gardien
Dort et rêve
Derrière la barrière verte
Pas encore ouverte
Les anges n'ont pas quitté
Le sein du ciel
Pour s'en aller matinaux
S'ennuyer aux écoles
Les vieillards tenaces
Luttent contre le froid
Qui leur serre la gorge
Et l'étau osseux
Qui les tire vers la fosse
O l'horreur du trou noir
Mère mère reprends-moi
Que je sois plus près de toi
Les malades se retournent
Têtant l'aube laiteuse
Leurs plaies et leurs tourments
Je vous salue Marie
Donnez-moi mes médicaments
Et la femme délaissée
Guette dans l'escalier
Le bruit des pas aimés
Mon âme se souvient
De tous les jours de mes jours
Je vous salue ma vie
Pleine de grâce
Boulevard Pereire
La beauté règne
Allée de la Reine
O ma joie libre et sereine
Mais c'est l'heure du turbin
- Création,
lundi 20 septembre 2004 par JP Robert
Sous
le souffle étoilé de ma plume
Au couchant d'un miroir sidéral
L'or d'un penchant serein s'épanche ;
Et j'ai senti là le grand souffle minéral
Des nuits et des aubes ancestrales
Me confier l'âpre romance des orgueils mal étreints.
Sous les boutoirs ciseleurs des vents d'airain
Court l'ombre de mon trait écarlate
- La
Table verte, lundi 20 septembre 2004 par Julia S
Au fond d'un couloir noir de boue désechée des chaussures
d'un vieillard ; au fond d'un trou étroit à la lumière
morose : une table verte. Sur le bois craquelant du mobilier usé
par le temps et les rencontres, un tache de café : circulaire,
perfection à l'odeur du Brésil et de l'Afrique profonde.
Une mouche y plante ses narines et hume le liquide en ébullition
sous la chaleur assommante d'un été de juillet. A l'extrémité,
un vieil homme est assis, balançant sa chaise grinçant
au rythme de son va-et-vient incessant et se sa pipe en fumée.
Au bout de ses doigts effilochés et vieillis par les rides
de l'âge et de l'usure, les nerfs battant à la vitesse
de ses tempes pompant sans relâche, la photo d'une femme : SA
femme.
Aussi vieille que ses mains, aussi usée et
craquée par les ravages du temps, la photo repose tranquille
sous le regard mélancolique du pêcheur, quelque peu
assombrie par l'épaisse fumée âcre qui se dégage
de sa pipe. Les traits tirés, les cheveux hissés derrière
ses oreilles, la femme regarde son mari d'un sourire égaillé.
Contraste au plus profond de cette scène que j'observe :
la misère contemple le bonheur, un bonheur passé,
éternisé sur ce petit bout de papier, là où
le temps s'arrête, univers des souvenirs, où reposait
tous ses rêves de jeune homme lorsqu'il vu la fille pour la
première fois, assise sur une table verte, flambant neuve,
au café du coin qui venait d'ouvrir. Ecrin des souvenirs,
les lieux comme les photos s'empreignent d'instants précieux
qui ont bouleversé nos vies : un café, une table,
un homme et une femme… La table verte représente pour
cet homme le jalon enclencher de sa vie, son cœur battant à
plein poumon, le sourire permanant à en éreinter les
joues. Il y trouve son passé et sa vie. Le vieil homme s'évade
laissant la table vide. Je m'y assois ; une sensation ineffable
m'envahit. Les lieux font vivre les hommes, la vie des hommes y
sont gravées ; la table verte me parle, me chuchote l'histoire
d'un homme, d'une vie comme le font les pierres, seules témoins
de l'antiquité. Les choses se font témoins, et j'y
puise émotion, passion, VIE.
-
Sans
Titre, lundi 20 septembre 2004 par Carla L.
Que seule la douceur
D'une passion sincère
Répande sur mes peurs
De joyeuses rivières
Creusant sous ma pâleur
Dans les sillons amers
Des méandres rieurs
Et des rides légères.
-
Danse
marine, le dimanche 19 septembre 2004 par Bulle Corbin
J'ai
entendu ta voix hésitante dans mon oreille-coquillage
J'ai couru sur le grand chemin
Déjà je sentais les rayons d'or
me brûler et les tempes
et les flancs
Tu as déchiré la porte sur ton sourire
de fraîche eau
Tu as couché sur ton lit la fille
de braise
Tu as calmé ses feux de ta pluie
arc-en-ciel
et lui prenant la main, tu as bercé
ses rêves
Et nous étions la mer
Et nous étions un songe
Et nous étions le rire claquant de tant
D'AMOUR
* * *
Dans mon jardin à malices
Dans mon jardin,
il y a les oiseaux qui mènent sarabande.
il y a des violettes violettes qui déplient leurs pétales.
il y a le camélia paresseux qui ouvre enfin ses fleurs rouges
au bonheur du jour
il y a les derniers narcisses blanc crémeux qui s'offrent
un luxe de coeur orangé.
il y a encore quelques cadavres de feuilles de chênes coincées
sous la haie qui pique.
il y a les minuscules fleurs de fraisiers des bois qui ont pris
un petit coup de froid et qui ont roussi.
il y a le chat orange du quartier , à la queue coupée
qui court comme un dératé lorsque je le couvre de
minou, minou !
il y a les mauvaises herbes qui en prennent à leur aise et
qui ont le culot de fabriquer des fleurs pour leur reproduction
future
il y a le jardin du voisin qui m'énerve. Qui ? le jardin
ou le voisin toujours le ciseau à la main pour couper les
cheveux du gazon en brosse ? Les deux !
il y a les pivoines qui sortent de terre un peu malingres.....mais
n'est-ce-pas normal pour des êtres vivants dont les ancêtres
sont des chinois mal nourris.
il y a les iris qui se la jouent "nous les gars en bonne santé"
avec leurs feuilles dressées et épaisses et drues
et si vertes.
il y a mon coeur qui court dans le gazon et joue à baiser
perché avec le vôtre.
il y a le bonheur qui court dans le pré et venez avec moi
on va le rattraper.
-
Matin
de traverse, jeudi 16 septembre 2004 par Gabriel Arnaud
L'amour dit l'amour
quand tout se tait et se regarde
quand tout s'en va et nous revient
sans crier gare
un beau matin
un matin vous savez
de ces matins mal réveillés
mal embouchés
mains agrippées sur un volant
on voit un ciel
un bout de soleil et sa lumière
pas habituelle
et l'on s'arrête sur le chemin
on ne bouge pas on n'ose pas
posé là au bord d'un monde
que tout à coup l'on aime
à cet instant c'est bien l'amour
qui nous traverse
mais ça ne dure pas
bruit de moteur
quelqu'un klaxonne
faut avancer dans la journée.
On ne sait pas s'il reviendra
ce matin là.
-
La
lucarne des songes, le dimanche 12 septembre 2004 par Said Salem
J'ai la manie de compter les étoiles sur les bouts des doigts
à travers la lucarne des songes
dressée en pavillon d'amour et liberté sur le bleu
des horizons.
mais à l'aube des rêves mouillés de rosée
le roseau s'incline d'ivresse à embrasser la dernière
étoile au parfum rare bercer l'oiseau au chant des nostalgies
Dire vrai ,mes amis ,j'ai la manie de compter mes défauts
excepté en ce cas depuis belle lurette
j'ai le vertige à marcher sur ce rai de lumière pour
vous offrir mon coeur en grappes de miel
vous dire bonjour mes poètes oubliés ...
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