René Depestre débuta son trajet poétique à Jacmel, dans l'île de Haïti. Il est issu d'une famille peu fortunée ayant juste assez pour vivre et pour permettre à leur enfant d'aller à l'école. Les jeunes années du poète sont placées sous le signe du merveilleux (à Haïti, le vaudou fait bon ménage avec le christianisme). Les arbres, la mer, et la beauté des petites cousines sont les soucis principaux d'une enfance d'où la notion de péché originel est absente. Une vie familiale harmonieuse, une vie matérielle supportable, et le merveilleux d'être au monde malgré cette misère alentour qui nuit un peu à la beauté du tableau mais pas à la vocation du poète. Il a publié son premier recueil à l'âge de 19 ans en 1946, son dernier recueil (avant le prochain) en 1994 chez Actes Sud et entre ces deux dates a bien rempli une vie de poète faite entre autres :
- d'un engagement provisoire (il a été communiste, admirateur d'
Aragon, ami de Nicolas Guillen et de
Césaire, secrétaire de
Pablo Neruda, etc ),
- d'un intérêt indéniable pour les joutes érotiques (thème ensoleillé qui revient sans cesse dans ses poèmes)
- d'un amour de la vie qui transparaît dans toutes ses oeuvres, aussi engagées et révoltées puissent-elles être... Depestre nous rend dans ses poèmes le quotidien merveilleux (et réciproquement).
Il n'est pas un poète chercheur mais un poète qui trouve. Bref, il est,
le plus naturellement du monde, poète.
Sa poésie, - pétrie de sensualité, de joie, d'amour des choses et des êtres - est
conçue dans une langue française des plus pures, revigorée par un bain en
haute mer des Antilles.