Fondé en 1961 par le Poète et Résistant, Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable" parce qu'elle est 'l'anti-polluant de l'espace mental", "le contrepoids et le contrepoison d'une existence qui tend à faire de nous des robots". Tous les soirs, du mardi au samedi, nous organisons des récitals au 30 de la rue de Bourgogne à Paris. Depuis 1996, sur Internet, vous pouvez découvrir les poètes que nous aimons, vous tenir au courant de l'agenda de nos soirées, découvrir notre podcast, communiquer avec nous et suivre au jour le jour toutes nos aventures poétiques. Bienvenue en Territoire de Poésie.
La poésie est vivante, vive la poésie.

Nicolas Guillén

Le Club
desPoètes

depuis 1961

Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay, et animé par son fils Blaise, le Club des Poètes a pour vocation de "rendre la poésie contagieuse et inévitable". Découvrez ici l'agenda de nos soirées, l'actualité de notre podcast, et une anthologie commentée des poètes que nous aimons.
30 rue de Bourgogne
75007 Paris
métro 13 Varennes

· UN POÈME · · UN POÈME ·
Fondé en 1961 par Jean-Pierre Rosnay et sa Muse et épouse, Tsou pour « rendre la poésie contagieuse et inévitable »

Du mardi au samedi
De 19h à 01h
Fermé dimanche et lundi
paris - 11 décembre 2024 - page 6
histoire
"Un homme qui a lutté toute sa vie pour l'indépendance et la dignité de son île, Cuba, en est aujourd'hui le poète national. Nicolas Guillén (1902-1986), dans sa personne et dans sa poésie, incarne le destin des Antilles: le métissage." écrivait de lui Claude Couffon, grand passionné de l'Amérique Latine, dont il traduisit avec rigueur et sensibilité quelques-unes des plus grandes voix de la poésie contemporaine.

En effet, à l'instar de Pablo Neruda (Chili) et de Nazim Hikmet (Turquie), ce poète cubain a pris place dans l'histoire de son pays par son engagement auprès du peuple de son pays, contre la domination américaine et les abus des grands propriétaires terriens.

Quelques années après sa mort, l'Histoire, dont l'humeur est changeante, jette la suspicion sur son engagement politique, sans parvenir à altérer notre intérêt pour cette voix colorée de la poésie cubaine, qui chante les beautés de son île et son espoir en l'avénement d'une société plus juste.

Peux-tu

Peux-tu me vendre l’air qui passe entre tes doigts
et fouette ton visage et mêle tes cheveux ?
Peut-être pourrais-tu me vendre cinq pesos de vent,
ou mieux encore me vendre une tempête ?
Tu me vendrais peut-être
la brise légère, la brise
(oh, non, pas toute !) qui parcourt
dans ton jardin tant de corolles,
dans ton jardin pour les oiseaux,
dix pesos de brise légère ?

Le vent tournoie et passe
dans un papillon.
Il n’est à personne, à personne.

Et le ciel, peux-tu me le vendre,
le ciel qui est bleu par moments
ou bien gris en d’autres instants,
une parcelle de ton ciel
que tu as achetée, crois-tu, avec les arbres
de ton jardin, comme on achète le toit avec la maison ?
Oui, peux-tu me vendre un dollar
de ciel, deux kilomètres
de ciel, un bout – celui que tu pourras –
de ton ciel ?

Le ciel est dans les nuages.
Les nuages qui passent là-haut
ne sont à personne, à personne.

Peux-tu me vendre la pluie, l’eau
qui t’a donné tes pleurs et te mouille la langue ?
Peux-tu me vendre un dollar d’eau
de source, un nuage au ventre rond,
laineux et doux comme un agneau,
ou l’eau tombée dans la montagne,
ou l’eau des flaques
abandonnées aux chiens,
ou une lieu de mer, un lac peut-être,
cent dollars de lac ?

L’eau tombe et roule.
L’eau roule et passe.
Elle n’est à personne, non.

Peux-tu me vendre la terre, la nuit
profondes des racines ; les dents
des dinosaures, la chaux éparse
des squelettes lointains ?
Peux-tu me vendre des forêts enfouies, des oiseaux morts,
des poissons de pierre, le soufre
des volcans, un milliard d’années
montant en spirale ? Peux-tu
me vendre la terre, peux-tu
me vendre la terre, peux-tu ?

Ta terre est aussi bien ma terre
Tous passent, passent sur son sol.
Il n’est à personne, à personne.